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Déchets, le cauchemar du nucléaire

Film documentaire, France, 2009, de Eric Guéret, en couleur, sonore.

Réalisation : Eric Guéret Enquête : Laure Noualhat

Production : France, 2009

Durée : 100 minutes.

Version originale : français

Résumé :

[Voir section sur Mayak]

Le réalisateur Eric Guéret et la journaliste Laure Noualhat se penchent sur la question des déchets radioactifs du nucléaire (stockage, danger pour la population) : que faire de ces déchets ? La première section du film expose ce qu'est un déchet radioactif. Puis enquête au siège de l'Association  Greenpeace  à Amsterdam (archives video). Cette ONG s'est toujours opposée au rejet en mer de ces déchets (images sur les  fûts de déchets radioactifs vides au large de La Hague entre la France et l'Angleterre). En 1993, un traité des Nations Unies interdit toute immersion en mer de déchets radioactifs. Mais beaucoup d'informations sur le nucléaire sont protégées par le secret mllitaire.

Première enquête à Hanford, sur la rivière Columbia, au Nord-Ouest des Etats-Unis, où furent construites les premières bombes de l'ère nucléaire (contamination des nappes phréatiques par les déchets nucléaires). Il s'agit selon les mesures de la CRIIRAD  (Commission de recherche et d'informations indépendantes sur la radioactivité), de "l'endroit le plus contaminé du monde occidental".

Deuxième enquête : un accident nucléaire avait eu lieu en 1957 dans l'Oural, dans la ville de Mayak (région de Tcheliabinsk). Cette ville était fermée aux étrangers (et le demeure aujourd'hui).  Il s'agit du lieu de production des bombes atomiques russes depuis 1946. Cet accident, resté totalement secret, a révélé que les déchets nucléaires n'étaient pas seulement polluants, mais aussi explosifs, car c'est la cuve de déchets radioactifs qui a explosé à cause d'une panne du système de refroidissement. Interview d'une femme témoin de l'explosion (village de Karabolka). 200 personnes moururent sur le coup et 270 000 furent contaminées dans cet accident nucléaire (le plus grave qui se soit produit avant Tchernobyl). Images tournées dans les années 1990  sur le site par des journalistes grâce à la période de transparence. Ceux-ci découvrent que les usines de plutonium ont depuis la création de l'usine rejeté leurs déchets liquides dans des lacs à ciel ouvert. Ces lacs sont pollués à un tel degré que les autorités décident alors de "reboucher" le lac Karachaï. Ce qui est réalisé aujourd'hui, mais d'autres lacs ont depuis été creusés où sont encore rejetés les déchets liquides (avec une moins grande concentration). Mais ces réservoirs à ciel ouvert contaminent le principal cours d'eau de la région, la rivière Tetcha, qui traverse de nombreux villages avant de se jeter dans l'Ob. Mesures de la radioactivité à Muslimovo, encore très élevée aujourd'hui,  par un spécialiste de la CRIIRAD. Jusqu'en 1993, aucune information n'avait été fournie aux habitants concernant le danger lié à la radioactivité. Interview d'Alexeï Iablokov, conseiller du président Boris Eltsine pour l'écologie. Celui-ci explique qu'une courte période de transparence, s'expliquant par l'effondrement du régime, a eu lieu entre 1991 et 1995, durant laquelle une partie de la vérité a été révélée aux citoyens concernant les secrets nucléaires. De nombreux habitants ont décidé de rester sur place, ne sachant où aller et n'ayant pas les moyens financiers de se réinstaller ailleurs (l'analyse du lait révèle un fort degré de radioactivité). Interview de la responsable du Service d'Epidémiologie (en 2009) : son message est que des analyses sont réalisées régulièrement sur la population depuis 50 ans. Interview de l'adjointe du ministre de la Sécurité nucléaire de la région de Tcheliabinsk (2009 également) : le taux de radioactivité a suffisamment baissé pour qu'il n'y ait aucune raison d'interdire aux habitants de vivre dans ces villages du bord de la Tcheta. Des analyses réalisées au retour de l'équipe sur  de la terre prélevée à Muslimovo infirmeront  ces propos.

Suit une section sur les déchets de l'usine de La Hague (COGEMA)  en France.  Puis une autre sur le retraitement des déchets par Areva et EDF (présenté comme un "recyclage").

Puis retour à Moscou :  interview de Vladimir Tchoukrov (Greenpeace Russie) qui enquête sur les trafics d'uranium entre la Russie et l'Europe. Il apparaît que l'uranium retraité  qui vient de France est emporté à Tomsk (d'où un trajet de 8 000 km entre Pierrelatte-La Hague-St Pétersbourg-Tomsk)! Les déchets nucléaires français radioactitfs sont ainsi stockés à quelques km de Tomsk, à Seversk, dans le complexe nucléaire "Tomsk-7", ville fermée aux étrangers. L'uranium de retraitement français y est réenrichi, ce qui permet de fabriquer du nouveau  combustible pour les centrales russes. Mais cet arrangement, indispensable à un pays en faillite dans les années 1990,  suscite aujourd'hui une forte opposition dans la population, mécontente à juste titre de voir stocker dans sa région les déchets radioactifs français : interview d'Alexandre Deff (?), député à la Douma de Tomsk, qui déplore le manque d'informations dont le pouvoir législatif dispose sur le sujet. De fait, on peut observer d'une photo-satellite les containers de déchets radioactifs stockés à  ciel ouvert sur la base de Tomsk-7.

 

Orientations bibliographiques : M.-H. Mandrillon (dir), " Environnement et politique en URSS ", Problèmes Politiques et Sociaux, Série URSS, n°621, 1989, P, Documentation Française, 64 p. ; "Voyage au pays de la mort nucléaire", numéro spécial de la revue Politis, 1992 ; Oleg YANITSKIJ, Russian environmentalism: leading figures, facts, opinions, M, 1993 (version anglaise) ; Douglas R. WEINER, A little corner of freedom: Russian nature protection from Stalin to Gorbatchev, Berkeley, U. of California Press, 1999, 556 p. ; Douglas R. WEINER, A little corner of freedom: Russian nature protection from Stalin to Gorbatchev, Berkeley, U. of California Press, 1999, 556 p. ; В. П. ВИЗГИН (рук.), История советского атомного проекта: документы, воспоминания, исследования, вып. 2, СП, Русский христианский гуманитарный Институт, 2002, 656 с. ; Guillaume GRANDAZZI, Frédéric LEMARCHAND (dir.), Les silences de Tchernobyl. L’avenir contaminé, P, Autrement, coll. “Mutations” n° 230, 2004 ; Pierpaolo MITTICA (with additional texts by Naomi Rosenblum, Rosalie Bertel and Wladimir Tcherkoff), Chernobyl: The Hidden Legacy. Twenty years on and unmasking the fraudulent disinformation disseminated by the IAEA and WHO,Basingstoke, Macmillan, 2007, 240 p. ; Laura A. HENRY, Red to green. Environmental activism in Post-Soviet Russia, Ithaca-New York, Cornell UP, 2010, 282 p.

Notice créée le 27 Novembre 2009. Dernière modification le 4 Mars 2011.

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