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Blocus (Le)
(БЛОКАДА)

Film documentaire, Russie, 2005, de Sergueï Loznitsa, en noir et blanc, sonore.

Réalisation : Sergueï Loznitsa Image : Naoum Golod, Roman Karmen Montage : Sergueï Loznitsa

Production : STUDIO DE FILMS DOCUMENTAIRES DE SAINT-PETERSBOURG, Russie, 2005

Durée : 50 minutes.

Version originale : russe

Résumé : Né en 1964 à Kiev, Serguei Loznitsa a été formé au VGIK. Il est, avec Sergueï Dvortsevoï et Viktor Kossakovski, l'un des chefs de file du cinéma documentaire russe contemporain en plein renouveau depuis la fin des années 1990. Loznitsa a tourné avec Marat Magambetov ses premiers documentaires : Aujourd'hui nous construisons la maison (1996), puis La Vie, L'Automne. Ensuite, il a réalisé seul en 2000 La Station, La Colonie, Paysage (2003), L'Usine (2004), Blocus (2005), Représentation (2008), Lumière du Nord (2009). Connus en France grâce aux Etats Généraux du Film Documentaire de Lussas en 2004, ses films ont depuis été primés dans différents festivals. Le cinéaste ukrainien a réalisé en 2010 un film de fiction, Mon  bonheur (Счастье моё).

"Au croisement de différentes disciplines (photographie, peinture, musique), les documentaires de Sergueï Loznitsa esquissent le portrait en demi-teintes d'une humanité aux prises avec l'écoulement du temps, soumise aux bouleversements économiques, sociaux et politiques de grande ampleur. Basés sur une recherche sonore très travaillée, des caractères communs traversent l'ensemble de l'œuvre : l'intérêt pour le travail quotidien des "petites gens" (ouvriers et paysans), une réflexion sur la notion de communauté (fortuite chez les dormeurs, contrainte chez les déshérités), ou l'attention portée aux gestes et aux postures du corps, et à leur rythme propre (abandon, attente, activité)", in "Sergueï Loznitsa. Cycle itinérant", http://freedrx.free.fr/loznitsa   http://www. loznitsa.com/rus/03press.html (biographie, filmographie, bibliographie, projets) ;

Le film Le Blocus est composé – et monté –   exclusivement d'actualités soviétiques de la Seconde Guerre mondiale  qui se trouvaient dans les archives du Studio de Films documentaires de Saint-Pétersbourg (ce dernier en possédait 6h. environ). Aucune restauration n'a été effectuée, la pellicule a été utilisée telle quelle. 37 opérateurs ont tourné ces actualités – ils figurent sur le générique du film – , parmi lesquels deux noms émergent : Naoum Golod et Roman Karmen.  La seule liberté que s'est permise Loznitsa concerne le son, entièrement "reconstruit" (vossozdannyj). Il n'y a aucun dialogue, aucun commentaire ni orientations données au spectateur. Celui-ci doit tirer lui-même ses conclusions. De A ces actualités s'ajoutent quelques séquences issues de 4 films  : Leningrad en lutte (Ленинград в борьбе/ réal. : R. Karmen, N. Komarevtseva, V. Solovtsov, E. Utchitel'), 900 jours souverains (900 независимых дней/ réal. : V. Solovtsov), L'Exploit de Leningrad (Подвиг Ленинграда /réal. : E. Utchitel', V. Solovtsov), Le Verdict du peuple (Приговор народа, réal. : E. Utchitel').

Il s'agit en réalité davantage d'un flm de montage d'archives brutes que d'un documentaire. Loznitsa a répondu à une commande de la télévision russe (il a de ce fait dû faire un film plus court qu'il ne l'aurait souhaité et se réserve la possibilité de réaliser un jour une version plus longue). Ce que le réalisateur semble vouloir montrer essentiellement, au milieu des plans  d'immeubles éventrés, calcinés, de gravats, de ville fumante, d'alertes aériennes,  c'est que la vie quotidienne  dans Leningrad assiégée continue tant bien que mal : il s'agit d'une ville bien vivante, des citoyens pressés vaquent à leurs affaires – transport incessant de paquets et de ballots dans des charrettes ou sur des luges, travail pour réparer les dégâts dans la ville, vente d'objets de récupération en tout genre, prélèvement de tout ce qui peut servir à faire du bois de chauffage dans les immeubles en ruines, puisage de l'eau, etc. On retrouve les plans bien connus de morts qui jonchent les rues, auxquels s'ajoutent ceux de cadavres  ficelés dans des linges que les familles tirent sur des luges jusqu'aux fosses communes. Des femmes y apportent en sanglotant leur bébé mort: tout cela est montré et Loznitsa n'élude rien de l'horreur de la guerre. Mais l'impression générale laissée par le film est bien celle de la vie qui se perpétue. D'où une représentation du blocus "différente" de celle véhiculée habituellement (froid, mort, solitude, vide). Dans l'interview citée ci-dessous ("Блокада. ЕЩё один взгляд"), Loznitsa explicite longuement son point de vue sur le fait que le cinéaste, élabore, ou non, une "autre" histoire, par son film, en  confrontant le rôle du cinéaste à  celui de l'historien.

 

Orientations bibliographiques :

Sur le siège de Leningrad : Léon GOURE, The Siege of Leningrad, Stanford, Stanford UP, 1962, 363 p.  ; Ales ADAMOVICH, Daniil GRANIN, A book for a blockade, M, Raduga, 1983 ; В. КОНЕЦКИЙ, Рассказы и повести разных лет, М, Высшая Школа, 1988 (см. повесть Дверь) ; Юрий АФАНАСЬЕВ (рук.), Другая война, 1939-1945, М, РГГУ, 1996, 487 с.  ; Никита ЛОМАГИН, Неизвестная блокада: документы, приложения, СП: Нева - М: Олма-Пресс, 2002 ; Eleonora MARTINO-FRISTOT, “La mémoire du blocus de Leningrad. 1945-1999", thèse EHESS, 2002 ;  Cynthia SIMMONS, Nina PERLINA (eds), Writing the Siege of Leningrad: Women"s Diaries, Memoirs and Documentary Prose, Pittsburgh (PA), U. of Pittsburgh Press, 2002, 288 p. ;"О блокаде Ленинграда в России и за рубежом. Источники, исследования, историография", И.В. Лукоянов ( главн. ред.), А.Р. Дзенискевич (ред. номера), Нестор-Истор, Н° 8, СП ;

Films de fiction sur le blocus : voir notamment Stanislav Rostockij, А зори здесь тихие (1972), d'après une nouvelle de Boris Vasil'ev ;

Sur ce film de S. Loznitsa : "Блокада. ЕЩё один взгляд", www.tvkultura.ru ; Elena STIŠOVA, "Vozvraščenie opyta. 'Blokada' režisser Sergej Loznica" [article suivi d'une interview de S. Loznitsa par Andreï Plakhov] , Iskusstvo kino, 5 / 2006, p. 32-37 ;

Sur Loznitsa : "Sergueï Loznitsa. Cycle itinérant", http://freedrx.free.fr/loznitsa   http://www. loznitsa.com/rus/03press.html (biographie, filmographie, bibliographie, projets, contact) ; Serge MEURANT,  ‘Portrait de Sergueï Loznitsa', "Quatres documentaristes russes", Images documentaires, 50/51, 2004, p. 23-24 ; Serge MEURANT, “ Entretien avec SergueÏ Loznitsa”, ibid., p. 25-36 (suivi d’une filmographie) ; Elisabeth PEZZA-BRAOUN,"Le cinéma documentaire en Russie : statut et perspectives (1987-2007)", Mémoire de Master 2Pro "Ingénierie de projets interculturels", Université Paris III Sorbonne Nouvelle, 2008, 153 p. (documentation Iconothèque) ;

Sur le film de fiction de Loznitsa en préparation en 2009, voir notamment : Марина Барановская, "Сергей Лозница: "Зрителю нужен шок", Телекритика, 28-04-2009, www.telekritika.ua

 

 

Notice créée le 12 Octobre 2009. Dernière modification le 9 Octobre 2012.

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