Dans le village de Durakovo, un homme d’affaire a crée une communauté destinée à recevoir les gens en quête d’ordre, de discipline, mal à l’aise dans la nouvelle société capitaliste. Proche du vice-président de la Douma et chef du parti ultra-nationaliste et xénophobe « Union nationale », Babourine, Morozov synthétise dans ses préceptes les modèles de la Sainte Russie et de l’Union soviétique où la démocratie n’est pas de mise, et où le peuple doit se soumettre de bonne volonté à la hiérarchie de Dieu et de son représentant sur terre, le tsar, dont la figure actuelle, Vladimir Poutine, est sans cessé couvert d’éloges par les protagonistes. Religion orthodoxe, patriotisme et soumission au chef sont les seuls moyens de rétablir l’ordre et la prospérité de la Russie après le chaos orchestré par la Perestroïka de Gorbatchev et les réformes de Eltsine, tous deux diabolisés par la mouvance nationaliste. Morozov et Babourine font l’apologie de la verticale du pouvoir prônée par le président Poutine, et, persuadés d’une agression permanente de la part de l’Occident dans la droite ligne de la propagande soviétique, ils prônent un militarisme forcené pour assurer la défense de la patrie assiégée par les ennemis tant extérieurs qu’intérieurs.

Le documentaire suit la gestion de la communauté menée d’une main de fer par Morozov, ainsi que les activités de son ami Babourine à la Douma. Dans des situations parfois cocasses qui révèlent toute l’ironie de la situation, on voit Morozov, bien en chair, agir comme un véritable seigneur tyrannique sur ses disciples maigrelets qui remplissent, comme de véritables esclaves, des tâches d’entretien pénibles et dégradantes pendant que leur chef jouit, sans scrupules, des joies de son palais luxueux et de sa notoriété : bains, fêtes avec danseuses à demi-nues, voitures de luxe, goût du pouvoir, gourmandise... Loin de se plaindre, ces disciples acceptent avec enthousiasme leurs conditions, et reproduisent à la perfection les discours patriotiques, guerriers et xénophobes de leur maître. Pourtant dans ce qui semble être une parfaite réussite de la propagande pro-poutinienne, un jeune homme refuse cette soumission, et le malaise qu’il provoque révéle les mécanismes aliénants de la petite communauté.

Une version longue s’intitule Durakovo, le village des fous (voir notice correspondante).