Documentaire analytique riche en interviews, témoignages de protagonistes et en archives (télévision russe et anglaise, vidéo de la réunion secrète de Litvinenko et de ses collègues en avril 1998…).

En suivant le fil rouge de l’affaire Alexandre Litvinenko, ex agent du FSB réfugié en Grande Bretagne et tué en novembre 2006 par empoisonnement au polonium, les réalisateurs mettent à jour le système mis en place à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine pour éliminer systématiquement tout opposant qui tenterait de faire la lumière sur les mécanismes en vigueur au sein du FSB ou sur les circonstances obscures de l’élection du président en 2000.

 Ils retracent les assassinats politiques commis sous la présidence de Poutine et dont les enquêtes sont soigneusement étouffées : Anna Politkovskaïa, Sergueï Iouchenko (membre de la Commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 1999) et Iouri Tchekotchkhine (Novaïa Gazeta).

Ils lèvent le voile sur la criminalisation du FSB : création de brigades spéciales qui se gèrent comme une véritable entreprise privée, indépendantes de tout contrôle de la direction, du Parlement ou de la société civile ; ces brigades spéciales sont chargées d’exécuter, pour le compte du chef de l’Etat et de ses proches, tout personne qui gênerait leurs intérêts ; lien étroit entre ces brigades spéciales et le crime organisé avec location de ses services d’information pour des assassinats politiques ou commerciaux ; légalisation de leurs pratiques avec les lois de 2006 qui permettent de tuer tout « extrémiste » en Russie comme à l’étranger sous prétexte de la lutte anti-terroriste et sans préalable d’enquête judiciaire.

A travers l’exemple d’Andreï Lougovoï, auteur présumé du meurtre de Litvinenko et symbole en Russie de la lutte contre l’hégémonie occidentale, le documentaire révèle les ressorts idéologiques à l’œuvre dans l’élection de Poutine à la présidence : retour consacré au pouvoir du système KGB hérité de la période soviétique, avec infiltration de ses ex-officiers dans tous les rouages de l’administration dans le but de contrôler toutes les facettes de la société. Une revanche pour ces héros de l’ère soviétique qui avaient perdu  leurs privilèges sociaux et leur fierté patriotique à la Perestroïka et sous Eltsine. Les attentats de 1999, dont plusieurs témoignages accusent les agents du  FSB d’en être les instigateurs, n’auraient été qu’un coup monté pour inciter les Russes à élire l’année suivante à la tête de l’Etat Vladimir Poutine, chef du FSB, héritier du KGB.