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Goulag au pays frère — Roumanie : 1944-1989

Film documentaire, France, 1992, de Baudoin Koenig, en couleur/noir et blanc, sonore.

Réalisation : Baudoin Koenig Montage : Catherine Lopez

Production : Transparences Productions, NHK, FR3, France, 1992

Durée : 52 minutes.

Version originale : français

Résumé :

Documentaire de Baudoin Koenig et Charles Gazelle sur les camps de détention pour prisonniers politiques en Roumanie sous le régime communiste entre 1944 et 1989. Comme en URSS, ces détenus étaient séparés des "droit commun" et subissaient un régime plus sévère, en tant que "C-R" ou contre-révolutionnaires. Comme en URSS, ils assuraient les grands travaux comme le canal entre le Danube et la mer Noire ("canal de la mort"), inauguré par Ceaucescu en 1984, mais qui ne servira jamais, car totalement inutile. Le nombre de ces détenus reste encore aujourd'hui secret. Images d'archives des camps. Aujourd'hui, les anciens camps servent pour la détention des délinquants. Témoignage de Ticu Dumitrescu, ancien prisonnier des camps. Camp de Porta Alba le long du  canal (archives du camp). Cimetière d'anciens détenus.

Retour sur le renversement du pouvoir de Ceaucescu en décembre 1989. Découverte des charniers du régime communiste (notamment un charnier de paysans dans un village de Moldavie (interview de Petre Bacanu, directeur du journal Romania Libera qui lutte contre la difficulté à faire la lumière sur le passé [au début des années 1990 ] et à mettre en cause la Securitate, police politique, qui profite encore, plus de deux ans après la chute de l'ancien régime d'un silence complice). Interview – ambiguë – de Petre Roman, alors Premier Ministre, qui demande que l'on se fonde uniquement sur les témoignages et les archives pour  estimer le nombre des victimes de la Securitate. Or les archives, considérées comme secret militaire, ne sont accessibles à personne. Restent les témoignages: Emergence d'associations d'anciens détenus qui regroupent 40 000 adhérents. Mais ces assocations sont menacées (nouvel entretien, sur ce rapport aux victimes de la Securitate, avec Petre Roman, dont le malaise est perceptible). Pogrom en 1990 provoqué par la Securitate qui déchaîne les mineurs contre les associations d'anciens détenus (plusieurs morts). Retour sur l'histoire de la Roumanie communiste : entrée des chars soviétiques en août 1944 à Bucarest en conquérants, la Roumanie ayant choisi l'autre camp. Témoignages de  Roumains déportés en Sibérie en 1944 (notamment parce qu'ils portaient un nom d'origine allemande), exécutions massives, noyautage de la police politique par les Soviétiques. Exécution des anciens dirigeants, répression à l'encontre de l'Eglise catholique de rite grec (int. de Mgr Hossu, évêque d'Oradea). Collectivisation forcée de l'agriculture : 70 % des Roumains vivaient de leurs terres et la plupart s'y refusent, d'où des déportations en masse. Carte du Goulag. Déportations d'intellectuels et étudiants non favorables au nouveau régime (évocation terrifiante de la prison de Pitesti où les étudiants étaient amenés, par la torture, à se transformer de victimes en bourreaux et à exercer la torture sur leurs camarades ; où la déchéance imposée aux détenus constituait le stade ultime de cette torture). Evocation de Turcanu,  bourreau en chef dans cette prison. C'est le général Nikolschi, n° 2 de la Securitate, qui est à l'origine de l'"expérience de Pitesti". Interview de Nikolschi retrouvé après 6 mois d'enquête. Il n'a pas été inquiété depuis 1989 et nie en bloc toutes les accusations. Evocation de la résistance roumaine repliée dans les montagnes,  qui n'a jamais pu renverser le régime (int. d'un résistant maquisard, Ion Gavrila), mais qui aurait bénéficié de l'appui tacite de la population. En 1958, cette résistance est anéantie mais la commuanuté internationale reste silencieuse. En 1964, l'ONU fait pression sur la Roumanie : une amnistie générale est proclamée en échange de l'aide occidentale. Des dizaines de prisonniers rentrent chez eux. N. Ceaucescu arrive au pouvoir en 1965 (Premier Secrétaire du P.C.). Il fait alors figure de libéral. La chasse aux opposants se poursuit sous un autre nom ("parasites sociaux inaptes au socialisme", condamnés sans expertise médicale). Comme en URSS, développement de l'internement psychiatrique. "Traitement" au Galoperidol, Diazepam, Majectil. Visite de l'ancien hôpital psychiatrique de  Poïona Mare. Témoignage du psychiatre Valeriu Stuculescu qui s'est opposé à ces traitements et a été muté dans un hôpital de moindre importance (impression pénible de règlement de comptes). Le documentaire tend à prouver que de nombreux anciens responsables du régime ont été maintenus à leur poste. Reportage enfin sur les locaux de l'ancienne Securitate.

Images d'archives en quantité et en qualité exceptionnelles.

Orientations bibliographiques :

Notice créée le 12 Mars 2009. Dernière modification le 12 Mars 2009.

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