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Portrait de Nikita Mikhalkov

Reportage ou émission de télévision, France, 1992, de Leon, Jean-Luc, en couleur/noir et blanc, sonore.

Réalisation : Leon, Jean-Luc Enquête : Mikhalkov, Viviane

Production : La Sept, France, 1992

Durée : 30 minutes.

Version originale : français

Résumé :

Portrait assez fouillé de Nikita Mikhalkov (né en 1945), réalisateur et acteur,  sous la forme d'un long entretien (réalisé en 1992 par Viviane Mikhalkov), entrecoupé d'extraits de films. Le reportage s'ouvre par une interview du père du cinéaste, Sergueï Mikhalkov, écrivain réputé, notable du régime et auteur des paroles de l'hymne soviétique. Celui-ci tente de cerner les différences entre ses  fils, tous deux réalisateurs, Nikita, et son demi-frère Andreï (Andron) Kontchalovsky. Ce dernier – l'aîné des deux – serait plus profond, tandis que Nikita serait plus vif, plus impulsif, mettant davantage d'humour dans ses films... Visite de Mikhalkov au cimetière Novodievitchy sur la tombe de leur mère commune, Natalia Kontchalovskaïa, fille du célèbre peintre Piotr Kontchalovski. Celle-ci, très croyante,  les aurait préservés du "fétichisme socialiste". Mikhalkov ajoute qu'il n'a jamais osé faire un signe de croix dans une église, de peur d'être chassé des pionniers et que son père soit renvoyé du parti.

Une première partie est consacrée à Mikhalkov acteur. Formation au théâtre Stanislavski. Le jeune homme fait ses débuts au cinéma en 1964 (extrait de Je m'balade dans Moscou /Gueorgui Danelia / 1964), où il tient le premier rôle. Ce film le rend immédiatement célèbre et il enchaîne de nombreux films, ce qui occasionnera son renvoi de l'école de théâtre. Extrait du Maître de poste (Sergueï Soloviev /1972) ; extrait de Sibériade (1979) réalisé par Kontchalovsky, dans lequel Mikhalkov est acteur également. Il y tourne pour la première fois avec Lioudmila Gourtchenko ; puis il tourne encore avec elle dans Une gare pour deux d'Eldar Riazanov (1980) ; ensuite dans un autre film de Riazanov, Romance cruelle (1984) : extraits de ces deux films.

La deuxième partie nous présente Mikhalkov cinéaste. Long extrait de son film de diplôme, tourné à Mosfilm : Une journée tranquille à la fin de la guerre (1972). Il s'agit de l'un de ses plus beaux films,  peu connu. Puis Mikhalkov évoque le "journal filmé" (kinožurnal) Fitil, sorte de feuilleton satirique très populaire, créé par son père [en 1962], dans lequel il a joué lui-même plusieurs épisodes. Ces feuiietons étaient projetés en début de séance de cinéma et traitaient de sujets d'actualité, épinglant le byt soviétique (extrait datant de 1972, mettant en scène un "Père Noël" magistralement interprété par Evgueni Evstigneev). Ces séries Fitil auraient eu quelques démêlés avec la censure, auxquels Sergueï Mikhalkov mettait fin en écrivant personnellement à Brejnev. Puis Mikhalkov traite de la direction d'acteur : extrait de L'esclave de l'amour (1976). Il évoque alors un thème qui sert de fil conducteur dans son œuvre : "On n'est pas d'Est ou d'Ouest, ici, on est d'Eurasie ; on peut bénéficier à la fois de la sagesse de l'Orient et de celle de l'Occident./.../ Il est pour moi important de me sentir partie intégrante de la Russie, au sens d'un espace eurasien, d'un continent" (extrait de Partition inachevée pour piano mécanique /1977). Cette slavophilie reconnue, qui se transforme parfois en  un nationalisme exacerbé, est l'un des marqueurs du personnage. Mikhalkov fait ensuite l'éloge de l'actrice Lioudmila Gourtchenko (extrait de Cinq soirées / 1979), puis interview de Gourtchenko. On termine par le Mikhalkov à l'ère post-soviétique, et ses opinions politiques : le réalisateur se présente lui-même comme un anti-démocrate ("Pour un Russe, la démocratie c'est quand tout est permis. En France, c'est quand on peut faire ce qui est permis, mais pas ce qui est interdit/.../ Pour un Russe, il n'y a pas de démocratie si quelque chose est interdit. Pourquoi cette gigantesque aspiration à aller en Occident ? A surmonter les obstacles, franchir les frontières, trouver un visa pour Israël quand on n'a pas d'amis juifs ? Pourquoi ? Parce que c'était interdit. Maintenant qu'on peut partir, les gens aiment autant rester chez eux. Moi aussi, je suis comme ça". Coup de patte à son frère Andreï Kontchalovsky qui est parti aux Etats-Unis pour cette raison. Lui-même (N.M.) aurait eu un comportement plus "orthodoxe" : "je sais que je peux partir et je choisis de rester ici" (extrait de Quelques jours de la vie d'Oblomov (1979)."L'âme russe a été tuée. Elle n'est peut-être pas tout à fait morte, mais elle a subi une cruelle tentative d'assassinat. Elle a été pervertie par l'athéisme, par le mensonge. La Deuxième Guerre mondiale  a servi à rassembler les gens luttant pour leur patrie et a repoussé la crise qui a éclaté aujourd'hui ; ça aurait dû arriver avant"(extrait de La Parentèle /1981/, film qui stigmatise l'occidentalisation des valeurs en URSS à la fin de la période brejnévienne). Enfin, Mikhalkov parle brièvement de son dernier film – au moment de l'entretien –, Urga (1991), davantage construit sur l'improvisation.Puis il abord enfin la question de la glasnost au cinéma : "La perestroïka a, dit-on, levé toute censure, ce qui a entraîné au cinéma vulgarité et mauvais goût. Aujourd'hui, Tarkovski n'existerait pas. On ne le censurerait pas pour raisons idéologiques, mais pour raisons financières".

Et enfin une courte troisième partie consacrée au Mikhalkov producteur : "Ma société [de production, "Studio Trite", créée pendant la perestroïka] a eu des problèmes financiers pendant trois ans. On n'a pas voulu faire de misérabilisme [čërnukha] ou du porno, ce qui paye le mieux. On a gagné de l'argent en faisant des pubs. Ça paye bien. J'en ai fait une pour les pâtes "Barilla", une autre pour Fiat".

 

Orientations bibliographiques : Susan LARSEN, “National identity, cultural authority and the post-Soviet blockbuster: Nikita Mikhalkov and Aleksei Balabanov", Slavic Review, 62.3 (fall 2003): 491-511 ; Tatiana MOSKVINA, “La grande illusion", in Birgit BEUMERS (dir), Russia on reels: the Russian idea in post-Soviet cinema, Londres, I. B. Tauris, 1999 ; Т. Н. СУМИНОВА (рук.), Никита Михалков: филмографический библиографический указатель, М, Студия “Трите”- Российский архив, 1995 ; Anetta M. SANDLER (dir), Nikita Mikhalkov. Sbornik, M, Iskusstvo, 1989 ;

Notice créée le 16 Février 2009. Dernière modification le 4 Mars 2011.

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