Ce film a été  réalisé à la fin de 1986 et censuré du début de 1987 à 1991. Il s'agit de l'un des premiers documentaires réalisés au tout début de la perestroïka et qui consiste en un violent réquisitoire contre Staline stigmatisant sa responsabilité dans l'échec de l'URSS face à l'Allemagne nazie au début de la guerre (1941-1943).

La première partie (intitulée "La veille"), qui couvre 1937-1939, montre comment le contre-espionnage nazi monte un dossier accusant le maréchal Toukhatchevski d'espionnage en faveur de l'Allemagne, accusation qui sera saisie au vol par Staline. Exécution de Toukhatchevski. Purges dans l'Armée rouge (images d'archives exceptionnelles) et liquidations dans le service de contre-espionnage soviétique. Pacte Molotov-Ribbentrop. La deuxième partie, intitulée "L'expiation" (1941-1943), montre la guerre proprement dite et établit clairement un lien entre le fait que la Direction de l'Armée rouge ait été décimée et l'échec soviétique. Stigmatisation explicite de la responsabilité de Staline dans l'impréparation de la guerre. Nombreux généraux soviétiques fusillés en octobre 1941. Le film prend fermement la défense des prisonniers de guerre soviétiques qui ont atterri dans les camps nazis en  martelant que ce n'étaient pas des déserteurs. Discours de Staline  prenant la parole pour la première fois  seulement le 3 juillet 1941 (attaque allemande : 22 juin). Liquidation de la "cinquième colonne". Evocation précise des faits de collaboration chez les Soviétiques (actualités allemandes montrant des femmes soviétiques collaborant) et révélations concernant la "ROA" (Armée de libération russe) sous la direction du général Vlassov, dont les hauts faits en début de guerre sont rappelés. Bref, il s'agit d'un film-brulôt qui propose une réécriture fondamentale de la guerre (en 1986) et dont on peut imaginer l'effet de  bombe produit sur le spectateur soviétique (tous ces thèmes étaient rigoureusement intouchables jusqu'à la perestroïka) ; ce qui contribuerait à expliquer que le film ait été censuré jusqu'en 1991.

Sur le plan de la forme, il s'agit d'un exemple-type de documentaire engagé spécifique de la période de glasnost :  message martelé tout au long du film, approche psychologisante (on joue sur l'affect du spectateur, cf. la foule défilant en sanglots lors des funérailles du dictateur), ton dramatique, montage (gros plans – visage de Staline, son œil, sa pipe, ses mains –, découpages d'écran sophistiqués, fondus-enchaînés très lents, etc).