Ce document exceptionnel sur le système mafieux à la fin de l'URSS (1990-1991) est le résultat d'une enquête de six mois réalisée par Virginie Coulloudon assistée de Agnieska Ziarek. Le film s'ouvre par un reportage sur  les six gangs mafieux qui exercent leur racket à Moscou à la fin de 1990/début 1991 (racketteur : vymogatel') . Retour sur le passé expliquant pourquoi un si grand nombre de truands sévissent en Russie : "De 1961 à 1988, 28 millions de prisonniers sont passés par les camps. Parmi eux, 9 millions de récidivistes, 9 millions de criminels endurcis". Le premier épisode (Moscou) concerne l'arrêt d'un gang tchétchène. Le deuxième se passe à Rybinsk, à 400 km au nord de Moscou, ville dont la population a toujours vécu des six camps de droit commun qui s'y trouvent. Interview du parrain de Rybinsk, surnommé "Le sanglier".

Puis l'enquête remonte d'un cran pour atteindre le "marécage", soit une "zone sombre, cachée, taboue" qui recouvre la corruption à un niveau plus élevé du pouvoir. On va remonter la filière progressivement. Enregistrement video montrant K. Ambartsounian, ancien directeur des Halles centrales de Moscou condamné pour corrupution à la peine capitale, accusant à son tour  I.N. Kolomintsev, directeur de l'Office d'alimentation pour le département de Moscou. D'où la mise au jour d'un système de fraude et de corruption généralisée du réseau de distribution alimentaire à Moscou. Ce qui atteint la Direction générale du commerce (responsable : N.P. Trebougov). Interview de V.I. Olienik, député de Russie  et ancien juge d'instruction de Moscou. Ambartsounian est exécuté sur ordre d'en haut. La même affaire se poursuit à Sotchi où Kondratkov, ministre de l'Industrie légère de la république de Russie est convaincu de fraude. Interview de A.N. Nagorniouk, ancien juge d'I. Fédéral pour les affaires de haute importance (AHI) et de I.D. Sachine, ancien juge d'I. Fédéral.Kondratkov révèle qu'une affaire de corruption touche l'ancien secrétaire personnel de Brejnev pendant 12 ans, Brovine. La Commission de contrôle du parti fait stopper l'enquête sur Brovine et Nagorniouk est renvoyé du parti. 

Etape suivante : l'Asie centrale où l'on retombe sur l'Affaire Rachidov/Adylov bien connue. Elle est ici développée de manière extraordinairement détaillée. L'affaire remonte à 1977. Le Premier secrétaire du parti d'Ouzbekistan C.R. Rachidov avait développé un réseau mafieux autour de la production de coton (images d'archives exceptionnelles) en s'appuyant sur son homme de main A. Adylov et sur toute la structure du parti de la république. Il avait poussé cette production grâce à irrigation forcenée qui a engendré l'assèchement de la mer d'Aral. Interviews de : B. Addourakhimov, ancien  juge d'I chargé des saisies, de C.K. Maïdaniouk, ancien juge d'I Fédéral AHI,  et de N.I. Ivanov, député d'URSS et ancien juge d'I Fédéral AHI. L'affaire Adylov est mise au jour sous Andropov qui veut éliminer les anciens responsables du parti corrompus, dont le propre gendre de Brejnev, Tchourbanov. Elle se poursuit les années suivantes et Ousmankhodjaev, proche de Gorbatchev, prend la place de Rachidov (mort mystérieusement ou enfui en Afghanistan). Sous la pression des juges d'I, Ousmankhodjaev passe aux aveux lui aussi en mettant en cause E.K. Ligatchev, secrétaire du Comité central et membre du Politburo (1989), montrant ainsi que le pouvoir est corrompu au niveau suprême. L'affaire est allée trop haut. Interview de T.K. Gdlian, député d'URSS et ancien juge Fédéral AHI, ainsi que de R. Vafine, ancien juge d'I. Le 12 mars 1990, au 2e Congrès des Députés du Peuple, Gdlian prend la parole et tente (la télévision retransmet son intervention de direct) de déstabiliser A.I. Soukharev, procureur général de l'URSS. Mais il est écarté, ainsi que tous les juges qui ont témoigné dans cette affaire. La chape retombe.