Quoique ce documentaire soit l'un des moins connus de Iossif Pasternak, il s'agit d'un film fort bien documenté sur la peinture soviétique des débuts de l'Avant-garde jusqu'à la fin de l'URSS – et, plus largement, sur l'art soviétique en général en en abordant tous les aspects théoriques (art de propagande, culture de masse, réalisme socialiste...). Il s'agit aussi d'un reportage très vivant et concret sur les artistes de la dernière période soviétique (depuis la mort de Staline). Il a été réalisé en URSS pendant la perestroïka pour Mosfilm (Unité de création pour la jeunesse "Iounost").

Nombreuses interviews de peintres du Dégel et de l'époque Brejnev (avec présentation de leurs œuvres) : Boris Joutovski, Youri Sobolev, ioulo Sooster, Vadim Sidur, Anatoli Zverev, Eric Bulatov, Ivan Tchouïkov, Francisco Infante, Evgueni Dybski, Ilya Kabakov, Nikolaï Ovtchinnikov, etc. Long développement (et séquences d'archives) sur la visite par Khrouchtchev de l'Exposition de peinture au Manège en décembre 1962 et des séances au Kremlin qui ont suivi (rires moqueurs des dignitaires du parti). Prise à parti du peintre Boris Joutovski et du sculpteur Ernst Neizvestny. Images d'archives de l'exposition de peintres dans la banlieue de Moscou (notamment Evgueni Noutovitch, Vladimir Nemoukhine, Sergueï Bordatchev interviewés dans le film) qui a été dispersée au bulldozer en 1974. La question de la censure sous-tend l'ensemble du film, couplée à celle du rapport des artistes à un pouvoir ignare qui rejette toute nouveauté en art systématiquement stigmatisée de formalisme. Evocation délicate des artistes qui se sont retrouvés dans des hôpitaux psychiatriques en ayant cette fois réellement perdu la raison à force d'oppression.  Quelques séquences de chanteurs rock (notamment du groupe Nautilus), extraits des œuvres du compositeur Vladimir Tarasov.