Résumé : Comme les documentaires de Sergueï Loznitsa, ce fllm de Poulat Akhmatov – qui témoigne de l'essor vigoureux du cinéma documentaire aujourd'hui en Russie – dépeint une humanité soumise aux bouleversements économiques, sociaux et politiques de grande ampleur et avant tout préoccupée de sa survie au quotidien. L'action se déroule dans la ville moyenne (60 000 habitants) de Rossosh, nœud ferroviaire situé à 200 km au sud de Voronej, véritable trou de province. Le train et la gare sont au centre de la vie de deux jeunes femmes, Tania et Anna, qui  passent la moitié du temps sur les quais de gare à vendre des pâtisseries (pirojki, vatrouchki, etc.) qu'elles ont préparés à domicile l'autre moitié de la journée. La caméra détaille pendant de longues minutes la préparation de ces gâteaux qui devient pour elles une obsession : pétrir la pâte, l'étaler, la garnir, cuire... et recommencer. Véritable métaphore culinaire. Car il s'agit de leur unique gagne-pain, gage de survie.  Tout en cuisinant, Tania et Anna évoquent leur fantasme d'amour vrai et une quête d'une vie plus facile, ou encore le désir de faire des études. Deuxième fil conducteur du film, un auteur de théâtre incompris de tous fait répéter sa pièce dans l'indifférence générale. Quelques mesures de ragtime donnent au film son titre. Le documentaire s'achève sur une séquence superbe – un bateau blanc remonte le fleuve dans un paysage serein bordé de forêts et de champs – en distillant une note d'espoir.