Léon Tolstoï (1828-1910) est irréductible aux schématisations, précise son arrière-petit-fils Vladimir, le seul de ses descendants qui apparaisse dans ce documentaire sur l’écrivain russe. Les réalisateurs du film se gardent bien d’énoncer la moindre théorie sur ce monument de la littérature russe, préférant une approche par mouvements concentriques. Se dessine ainsi le portrait d’un homme hanté par l’idée de faire le bien, mais aussi par des rêves de gloire ; a priori heureux dans sa vie familiale, mais bientôt séparé de son épouse Sophia et de leurs enfants par un gouffre d’incompréhension ; né dans une famille aristocratique, mais horrifié par l’injustice sociale, avide de se rapprocher du petit peuple (au point de créer une école à son intention) et de partager la vie des paysans, frappé par une crise spirituelle qui aboutira à son excomminucation par l’Église orthodoxe.
Des archives exceptionnelles, dues à la passion de l’épouse de Tolstoï pour la photographie, permettent d’imaginer le cadre de vie de l’écrivain. Il manque néanmoins une vraie mise en perspective historique, qui aurait rendu tout leur sens aux choix et aux idéaux de Tolstoï pendant sa traversée du XIXe siècle (résumé tiré d’une analyse de ce documentaire par Sophie Bourdais).