Installés dans les territoires de l’Est depuis le 13e siècle, les colons allemands contribuèrent à l’essor de l’empire russe. En 1762, Catherine II en appelle de nouveaux : 23 000 immigrés allemands installent 104 colonies dans la région de Saratov. Elles forment un rempart de protection contre les envahisseurs de l’Est. Ils ont leurs propres villages et sont 1 400 000 à la fin du XIXe s. Agriculteurs compétents, les Allemands servent d’exemple au paysan russe. "Allemand de la Volga" devient synonyme d’"Allemand de Russie". Certains vont s’installer dans le Caucase, en Crimée, en Volynie et en Ukraine. Lénine leur concède un territoire autonome entre Saratov et Tsaritsyne/Volgograd, qui devient république soviétique en 1924, tout en y instaurant le pouvoir bolchevique. Inversement, Staline, premier commissaire du peuple aux Nationalités, est un prophète du centralisme (assimilation forcée et uniformisation ethnique). Pendant la collectivisation, les Allemands sont traités en koulaks. Lors de la Seconde Guerre mondiale, tous les Allemands de la Volga sont accusés de collaboration avec Hitler et déportés dans des camps de travail en Sibérie, dans l’Oural ou en Asie centrale. Parmi les femmes déportées, seules les Allemandes doivent travailler dans les camps. En 1948, le regroupement familial dans les camps est autorisé, mais pas le retour au village. Aucun document ne fait référence à ces camps.