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Frère
(БРAТ)

Film de fiction, Russie, 1997, de Alexeï Balabanov, en couleur, sonore.

Production : Kinokompania STB , Russie, 1997

Durée : 95 minutes.

Version originale : russe

Doublage : français

Résumé :

A peine de retour dans sa ville natale après deux années de service militaire, Danila Bagrov provoque involontairement une bagarre violente. La police passe l'éponge, à condition qu'il trouve du travail. Il part pour Saint-Pétersbourg rejoindre son grand frère, tueur à gages. Il trouve un monde corrompu où règne la loi du plus fort, où mafia et racket ont envahi la scène, où la police est largement déconsidérée – et il choisit sa voie, celle de la violence. Le personnage mélancolique qu'il incarne apprend vite à transgresser les lois. Le rôle principal est joué par le jeune acteur Sergueï Bodrov Jr. qui s'était fait connaître un an plus tôt dans un film réalisé par son propre père, Prisonnier du Caucase (1996). Bagrov incarne un héros atypique, sorte de justicier au noble cœur qui tue pour faire disparaître la racaille tout en prenant la défense du faible et de l'opprimé. La perte des valeurs, déjà stigmatisée  par le cinéma brejnévien, est abyssale dans la Russie de la fin des années 1990 où il n'y a plus de structure familiale – la mère a toujours préféré le frère aîné, qui s'avère un lâche : il n'y a donc plus de frère, d'où le titre du film ; le père est mort en  prison quand Danila était adolescent – et la seule personne que ce dernier respecte est l'"Allemand", vieux mendiant qui a su garder des valeurs humanistes  dans la dérive générale et refuse l'argent salement gagné de Bagrov. La solitude du héros est  immense. Il fuit littéralement dans le monde virtuel de la musique rock, élément central de la structure du film, plus encore que dans d'autres œuvres  antérieures comme Assa de Sergueï Soloviev (1988) ou L'Aiguille de Rachid Nougmanov (1988).  Son groupe préféré est Nautilus (Pompilius). Un certain nombre de critiques ont noté les tendances nationalistes du héros (il n'a pas de mots assez durs pour les mafieux tchétchènes, son antisémitisme est à peine voilé). Toute l'action, enfin, se déroule donc à Saint-Pétersbourg ("Peter"), somptueusement filmée par Bodrov (cours délabrées, escaliers d'immeubles, quais, ponts, canaux, cimetières...).

Thriller d'un genre totalement nouveau dans la Russie post-soviétique de 1997 où il émerge alors que le cinéma russe est en plein marasme (la production s'est effondrée depuis 1992 et est arrivée à son plus bas niveau en 1996, la distribution est inexistante, il n'y a pas de salles pour projeter les films russes), Brat, d'Alexeï Balabanov,  devient immédiatement une œuvre-culte pour la jeune génération. Et, de fait, l'un des seuls films russes que l'on retienne de la fin des années 1990.

Orientations bibliographiques :

В. МАТИЗЕН (1997), "Скромное очарование убийцы", Сеанс, 16, 41 ; Д. ДОНДУРЕЙ (1998), "не брат я тебе, гнида...", Искусство кино, 6, 11, 64-7 ; И. МАНЦОВ (2000), "Звёзды и солдаты", Искусство кино, 11, 60-7 ; S. LARSEN (2003), 'National Identity, Cultural Authority and the Post-Soviet Blockbuster: Nikita Mikhalkov and Aleksei Balabanov',  Slavic Review, 62 , 3, 491-511 ;  Birgit BEUMERS, dir., Russia on Reels: The Russian Idea in Post-Soviet Cinema, Londres : I.B. Tauris, 1999 ; id, "Brat / Brother", in Birgit Beumers (dir.), The Cinema of Russia and the Former Soviet Union, Londres-New York, Wallflower Press, 2007, 233-241 ; Anna Zaytseva, "La légitimité du rock en URSS dans les années 1970-1980 : acteurs, logiques, institutions", Cahiers du Monde russe, 49/4, octobre-décembre 2008, p. 651-680 ; Nancy CONDEE, The Imperial Trace. Recent Russian Cinema, Oxford-Londres, Oxford UP, 2009, 352 p. (ch. 8 : "Aleksei Balabanov: The Metropole's Death Drive", p. 217-236) ;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 2 Mars 2012.

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