Vitali Kanevski, réalisateur de fiction, avait manifesté un immense talent, salué par tous les critiques, pendant la perestroïka et au début de la période post-soviétique, avec Bouge pas, meurs, ressuscite ! (1989), et Une vie indépendante (1992). En 1993, il réalise un  documentaire, Nous, les enfants du XXe siècle, où sont filmés différents portraits de la jeune génération post-soviétique désœuvrée et en marge : enfants de la rue abandonnés  ou en rupture avec leur famille, se livrant à des opérations de racket et faisant de longs séjours dans des maisons de correction. En 1999, un nouveau documentaire, Kto bolche. Les nouveaux entrepreneurs russes, esquisse le portrait de la nouvelle classe sociale  qui a émergé dans la Russie des années 1990, stigmatisée dans le langage commun en tant que "nouveaux Russes". L'intérêt du film réside dans les témoignages de différentes personnes qui ont essayé de s'enrichir dans une situation de crise – huit ans sont passés depuis le putsch de 1991 (cf. l'analyse d'E. Pezza-Braoun, voir ci-dessous, p. 49-50). Mais sa réalisation, quelque peu bâclée, semble décevante.