iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Petites passions (Les)
(УВЛЕЧЕНЬЯ)

Film de fiction, Russie, 1994, de Kira Mouratova/Muratova, en couleur, sonore.

Production : NIKOLA-FILM av. participation ROSKOMKINO, RTV, Russie, 1994

Durée : 112 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Dans ce film, Mouratova ne montre plus que des parodies de personnages : quoiqu'elle ait prétendu faire un film sur la "superficialité", un "film de salon"1, elle semble être arrivée à l’extrême limite de l’incommunicabilité entre les êtres. On ne peut plus parler de héros puisque les acteurs se succèdent sans lien apparent ; tels des marionnettes désarticulées, ils battent des jambes, profèrent des monologues – que personne n’écoute – et qui sont en fait la répétition incessante, sur une voix perchée et monocorde, du même fragment de discours artificiel. Les séquences se suivent sans rapport apparent. Plus encore, les personnages mêmes sont déconnectés du film : les humains sont des infirmes sur leur fauteuil de paralytique. Les jeunes femmes, d'une beauté sublime qui suscite le désir des hommes, sont enfermées en elles-mêmes.  Les êtres humains sont des marginaux, seuls face à leur propre aliénation. Une certaine forme de bonheur que Muratova manifestait dans En découvrant le vaste monde (1978) et  Le milicien amoureux (1992) a fait place à un autisme insupportable.

Une section parallèle du film, déconnectée de l'autre, est consacrée à une écurie de chevaux de course que Mouratova filme  avec une approche documentaire. On a l'impression d'un collage artificiel.

1) Cf. catalogue du Festival de cinéma de Vyborg : "Fenêtre sur l'Europe-94" (1994).

Orientations bibliographiques :

D. POPOV, “Bog umer”, Iskusstvo kino, 3, 1990, pp. 37-41 ; J.-P. FARGIER, “Viva Muratova”, Art Press (cinéma), n° 159, juin 1991, pp. 54-56 ; J. TAUBMAN, “The cinema of Kira Muratova", The Russian Review, 52, juillet 1993, p. 367-381 ; A. PLAKHOV, “Kira Muratova", Vsego 33: Zvezdy mirovoy kinorežissury, Vinnitsa, Akvilon, 1999, p. 201-212 ; G. ROBERTS, “The meaning of death: Kira Muratova's cinema of the absurd", in B. REUMERS (dir), Russia on reels: the Russian idea of post-soviet cinema, Londres, I.B. Tauris, 1999, p. 144-160 ; Lubomir HOSEJKO, Histoire du cinéma ukrainien, Die, Éd. A DIE, 2001, 445 p. ; Jane TAUBMAN, Kira Muratova, Londres, I.B. Taurish publishers, 2004, 168 p. ; Nancy CONDEE, The Imperial Trace. Recent Russian Cinema, Oxford-Londres, Oxford UP, 2009, 352 p. (ch. 4 : "Kira Muratova: The Zoological Imperium", p. 115-140) ;  Eugénie ZVONKINE, « Les états de la dissonance dans l'oeuvre cinématographique de Kira Mouratova», thèse, Paris 8, 2009 ;  Martine GODET, La pellicule et les ciseaux. La censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka, P, CNRS Editions, 2010, 308 p. (thèse EHESS, Paris, sous la direction de Marc Ferro, 2000) ; 

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 14 Février 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé