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Aelita
(AЭЛИТA)

Film de fiction, U.R.S.S., 1924, de Yakov Protazanoff/Protazanov, en noir et blanc, muet (sonorisé).

Production : MEJRABPOMRUS , U.R.S.S., 1924

Durée : 103 minutes.

Version originale : russe

Sous-titres : français

Doublage : français

Résumé :

[Synopsis et analyse adaptés d'un extrait de  R.N. Jurenev', Essais sur l'histoire du cinéma soviétique [sans ref. bibl.], in Jean-Loup PASSEK (éd.), Le cinéma russe et soviétique, Paris, L'Equerre-Centre Georges Pompidou, 1981, p. 113].

"Pendant les années difficiles du communisme de guerre, l’ingénieur Los construit un appareil destiné à voler sur la planète Mars. Ce qui le stimule dans l’accomplissement de cette invention, ce n’est pas tant le rêve de découvrir des mondes inconnus que les innombrables difficultés quotidiennes qu’il rencontre sur la Terre. Los veut quitter cette Terre maudite, où on a faim et froid, où le voisin de palier fait une cour assidue à sa femme. Après une querelle conjugale, Los, dans un accès de jalousie, tire sur sa femme et s'enfuit de la maison, décidant de s'envoler immédiatement sur Mars. Deux compagnons volent avec lui : le joyeux soldat de l'Armée rouge démobilisé, qui rêve d'instaurer la révolution sur Mars, et le détective poursuivant Los pour le meurtre de sa femme. Une fois sur Mars, le cœur de Los est conquis par la souveraine de la planète, Aelita. Les intrigues du premier ministre font échouer Los et ses compagnons dans les caves où sont détenus les esclaves de Mars. Gusev, avec l'aide de la servante d'Aelita, réussit à s'échapper et fait se soulever les esclaves de Mars. Au dernier moment, quand le soulèvement est sur le point d'être couronné de succès, Aelita, auparavant très bienveillante pour les représentants de la Terre, les trahit. Los est furieux, il se réveille dans la gare de Moscou où il a abouti quand il fuyait le détective. Le vol sur Mars, la romance avec Aelita, la révolte des esclaves martiens, tout cela n'était qu'un rêve. Rentré à la maison, Los apprend qu'il n'a pas touché sa femme, et que, d'ailleurs, elle ne l'a pas trahi. L'inventeur jette au feu ses dessins, et décide de rester sur la Terre qu'il aime à nouveau".

Aelita est le premier film de Protazanov à son retour d'exil en URSS et aussi la première réalisation de Mejrabpom-Rus. Mejrabpom voulait en faire un film à grande mise en scène pouvant soutenir la concurrence des films étrangers et ne ménagea pas les dépenses.  D'où le choix de Protazanov, meilleur réalisateur du cinéma pré-révolutionnaire : ce film est l'une des premières œuvres d'anticipation dans laquelle se confirme tout son génie.  Les plus grands maîtres furent appelés, à commencer par l'écrivain Alexei Tolstoï, mais celui-ci ne participa que très peu au scénario tiré de son roman, ayant confié cette tâche au dramaturge A. Faïko et au réalisateur F. Ozep. Ces derniers ne comprirent pas l'idée progressiste d'A. Tolstoï,qui avait opposé la Terre (l'Union soviétique), à la culture triste et décadente de Mars, à l'époque où la plus grande partie des utopistes bourgeois idéalisaient les contrées fantastiques et parlaient avec pessimisme de la Terre. Les auteurs du scénario suivirent non pas Tolstoï, mais les utopistes fuyant la réalité, séduits par la possibilité de faire un film brillant avec l'exotisme de Mars, en comparaison du prosaïsme de la Russie révolutionnaire.

Il faut noter le soin avec lequel ont été réalisés les décors (Sergueï Kozlovski) et tout particulièrement les costumes (Alexandra Ekster),ainsi que la qualité de la prise de vue (Youri Jeliaboujski, Emili Schönemann). Pour Protazanov, Aelita fut comme un laboratoire où il élabora la voie dans laquelle il se dirigeait dans ses films ultérieurs. Les scènes décadentes et modernistes de Mars disparurent par la suite, le mélodrame, issu des ses films pré-révolutionnaires (les scènes de Los avec sa femme), fut surmonté. La ligne comique et excentrique fut poursuivie dans les films Le Tailleur de Torjok et autres, auquel participa Ilinski. La ligne satirique de l'homme de la NEP s'élargit dans les comédies satiriques  ; enfin, le drame de mœurs psychologiuqe trouva son origine dans le réalisme des scènes de Gusev.

Sur cette version, les cartons sont en français (il ne s'agit donc ni de doublage, ni de sous-titres). 

Voir une présentation de la vie et de l'œuvre de Protazanov par le même R. N. Jurenev au début du film Les marionnettes (Fonds Iconothèque) ; sur le studio Mežrabpom-Rus et Aelita, voir aussi un documentaire sur Willy Münzenberg (Fonds Iconothèque).

 

Orientations bibliographiques :

Ian CHRISTIE, "Down to Earth: Aelita Relocated", in R. Taylor and I. Christie eds, Inside the Film Factory: New Approaches to Russian and Soviet Cinema, Londres-New York : Routledge, 1991, p. 80-102 ; D. YOUNGBLOOD, "  The Return of the Native: Yakov Protazanov and Soviet Cinema", iibid. p. 103-123 ;  Le studio Mejrabpom ou l’aventure du cinéma privé au pays des bolcheviks, catalogue établi sous la direction d’Aïcha KHERROUBI avec la collaboration de Valérie POSENER, Paris, RMN, Les Dossiers du musée d’Orsay, n° 59, 1996, 195 p. ; Mike O'MAHONY, "Aelita", in Birgit Beumers (dir.), The Cinema of Russia and the former Soviet Union, Londres, Wallflower Press, 2007, p.37-45 ;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 23 Novembre 2011.

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