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Parenté étrangère
(ЧУЖAЯ РОДНЯ)

Film de fiction, U.R.S.S., 1955, de Mikhail Chveitzer, en noir et blanc, sonore.

Production : LENFILM, U.R.S.S., 1955

Durée : 99 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Film réalisé au tout début du Dégel, d'après une œuvre de V. Tendriakov issue de la nouvelle prose paysanne. Une présidente de kolkhoze se débat avec ses kolkhoziens pour imposer l'idée que  leurs intérêts individuels passent après ceux du collectif.  Le film décrit avec un essai de réalisme inhabituel les difficultés du rapport entre direction et administrés, les houleuses assemblées générales,les problèmes extrêmement concrets que doit résoudre cette femme : tracteurs en retard, problèmes de fenaison, kolkhoziens empruntant le cheval du kolkhoze pour labourer leurs propres lopins, l'étroitesse des liens familiaux égoïstes qui passent avant l'intérêt du collectif…, mais avec une dimension éthique nouvelle propre au Dégel : “C'est sans doute à partir de Parenté étrangère que nous /ce 'nous' désigne le cinéaste et son épouse Sofia Milkina/ avons déterminé une seule ligne, dans tous nos films. Le héros du film a appris /…/ l'idée chrétienne de faire quelque chose pour les autres, de donner à autrui. C'est à partir de là que le conflit existe, parce que les gens, surtout à la campagne, sont élevés dans l'idée de tout accaparer à soi. Cette idée de donner aux autres, au lieu de vivre à leurs crochets, est dans Parenté étrangère, dans Le Nœud serré, dans Temps, en avant ! , dans Résurrection, parce que les idées de Tolstoï sont proches du christianisme. Ce n'est pas par hasard que S. M. Eisenstein nous avait fait lire TolstoI" (cf. interview de Mikhaïl Schweitzer [Chveitzer], voir infra).

Il faut noter également une évolution forte par rapport aux films du réalisme socialiste des années 1935, tel Les Paysans (F. Ermler). Les autorités de la ville sont à peine évoquées, on n’en voit aucun représentant, le parti est loin. Tout se passe au niveau local, avec des personnages réels et une intrigue, reposant sur la vie privée, qui sonne vrai : le jeune kolkhozien et komsomol Fëdor, ne réussissant pas à détacher sa jeune femme de ses parents qui vivient sous le même toit mais restent enfermés dans leur égoïsme et haïssent le collectif, finit par la quitter.

 

 

 

Orientations bibliographiques :

Bernard EISENSCHITZ éd., Gels et Dégels. Une autre histoire du cinéma soviétique, Paris, Centre Pompidou-Mazzotta, 2002, p. 142, 163, 176, 177 (photo), 178 ; lire aussi p. 163-169 une interview par Bernard Eisenschitz de Schweitzer au sujet de la censure exercée sur son film Le Nœud serré, mais qui éclaire tout son parcours de cinéaste.

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 4 Mars 2011.

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