Le Vent achève la trilogie sur le Komsomol entamée par les deux jeunes cinéastes dans Une jeunesse agitée (1954), puis dans Pavel Kortchaguine (1956). C’est un film d’aventures sur la guerre civile, mené sur un rythme d’épopée. Trois jeunes gens s’efforcent d’échapper aux Blancs pour se rendre au Premier congrès de la Jeunesse communiste à Moscou. En réalité, le film décrit de nombreuses péripéties de la guerre civile, le morceau de bravoure étant l’arrivée au Congrès.

Mais ce Vent, qui clôt donc cet ensemble, est bien un film du Dégel, contrairement aux deux premiers. Alov et Naoumov sont passés chez Mosfilm. Les critiques reprocheront à Alov et Naoumov une représentation partiale de la guerre civile, d'abord, et puis une forme “baroque”, un style alambiqué (vyčurnyj), voire proche de la "fêlure" (nadryvnyj)(cf. D. ŠACILLO, Kinokalendar’, n° 2, 1987 ). On n'est pas très loin du "formalisme", honni des censeurs. Sur fond de réalisme, on observe une mulitplication d’effets visuels et sonores et un découpage en forme de “montage des attractions” qui font penser à une influence du cinéma polonais qui connaît alors une grande influence en URSS. Marcel Martin compare un plan (un Christ renversé dans une église en ruines) à un plan de Cendres et diamant de Wajda.

De fait, ces deux réalisateurs manifestent une très grande inventivité formelle avec ce film,puis avec le suivant, Paix à celui qui vient au monde (1961), et encore avec Une anecdote scabreuse /Une sale histoire (1966 : film censuré qui ne sortira qu'en 1987). Puis ils rentreront dans le rang pour devenir des "cinéastes du parti" (cf. Martine GODET, La pellicule et les ciseaux. La censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka, Paris, CNRS Editions, 2010, 308 p.).

[Dans cette version, le film est projeté au tout début de juillet 1988 sur la première chaîne de télévision soviétique à l'occasion du 70e anniversaire de la création du VLKSM (Komsomol) et présenté par le Secrétaire du Comité Central du VLKSM, Sergueï Rogojkine].