iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Arche russe (L’)
(РУССКИЙ КОВЧЕГ)

Film de fiction, Allemagne-Russie, 2003, de Alexandre Sokourov/Sokurov, en couleur, sonore.

Production : The Hermitage Bridge Studio / Egoli Tossell Film, Allemagne-Russie, 2003

Durée : 95 minutes.

Version originale : russe

Sous-titres : français

Résumé :

Alexandre Sokourov rêvait, comme de nombreux cinéastes avant lui, de réaliser la prouesse technique de tourner un film en un seul plan : L’Arche russe est un plan-séquence de 95 minutes, tourné avec une caméra numérique, qui fait visiter au spectateur le musée de l’Ermitage (dans lequel il est intégralement tourné) en traversant au sens propre les différentes époques de l’histoire russe ressuscitées. Un diplomate français du XIXe s., personnage bavard – on comprend qu'il s'agit du marquis de Custine –, nous fait pénétrer dans l’immense palais par une porte dérobée et sert de guide critique. Il s’adresse au public, au réalisateur d’aujourd’hui dont nous épousons le regard grâce à une caméra dite “subjective”. On parcourt ce vaste dédale en croisant des personnages historiques. Trois règnes emblématiques de la grandeur des tsars surgissent ainsi au cours de ce voyage à travers le temps : celui de Pierre Ier, en une scène quasi hallucinatoire de sombre violence dans un recoin obscur du palais ; celui de Catherine II, éclatant et théâtral, dans la lumière éblouissante des salles d’apparat ; enfin celui de Nicolas II, enveloppé de désir et d’angoisse, dans l’intimité d’un tableau de famille. Sokourov récrée une unité de l’Histoire, veut effacer les ruptures, retrouver un temps perdu. Le cinéaste n’a jamais caché sa nostalgie profonde de la grande Russie impériale (Charles Tesson parle joliment de “restauration”) : on trouve chez lui un sentiment complexe d’esthétique et d’idéologie entremêlées, un absolutisme spécifiquement russe. Le cinéaste rend de fait hommage à la peinture, art qu’il juge plus noble que le cinéma. On retrouve, avec L’Arche russe, la visite clandestine et nocturne d’un autre musée, qu’il proposait dans son documentaire “Élégie de la traversée” (2001).

Orientations bibliographiques :

Voir documentation Iconothèque sur Sokourov ; voir la revue Iskusstvo kino, n° 8 et 9, 1987 ; Olivier JOYARD, “Alexandre Sokourov. La force du condamné”, Cahiers du cinéma, n° 528, octobre 1998, p. 4 (voir aussi filmographie p. 5) ; voir l’ensemble du n° 1 de la revue Hors-champ consacré à Sokourov : “Sensibilité chagrine : Sokourov” ; Georges NIVAT, “Sokourov ou la quête de l’envers de l’image”, “Cinéma russe contemporain”, Hors-champ, n° 9 ; id., “ La vie n’est pas la mort, c’est le temps’. Entretien avec Alexandre Sokourov”, ibid. ; ““Entretien avec Alexandre Sokourov” (réalisé par Kirill Galetski en 2001 à Saint-Pétersbourg), Images documentaires, 50/51, 1er et 2e trimestres 2004, p. 87-95 ; Diane ARNAUD, Le cinéma de Sokourov. Figures d’enfermement, P, L’Harmattan, coll. “Esthétiques”, 2005 ; Nancy CONDEE, The Imperial Trace. Recent Russian Cinema, Oxford-Londres, Oxford UP, 2009, 352 p. (ch. 6 : "Aleksandr Sokurov: Shuffling Off the Imperial Coil", p. 159-184) ;

Sur l'œuvre de Sokourov, voir le documentaire d'Anne Imbert (2008) : Alexandre Sokurov. Questions de cinéma.

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 1 Mars 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé