Mikhail Schweitzer (1920-2000) est l'élève d'Eisenstein au VGIK. Il réalise son premier film Kortik (La dague, 1954) à Leningrad avec son ami Vladimir Vengerov. Vengerov, comme Schweitzer, appartenait à une génération écartée par la guerre et la terreur de l'après-guerre, et qui n'avait fait ses débuts que trop tard. Puis il tourne Parenté étrangère (1955) d'après une œuvre de Tendriakov issue de la littérature paysanne. Après Tugoj uzel (Le nœud serré) — film qui subira une très forte censure — et Midčman Panin (Enseigne Panine, 1960), il se tournera vers des adaptations, parcours classique pour les cinéastes censurés. Il commencera par Tolstoï (Résurrection, 1960-1962), puis poursuivra avec Pouchkine, Gogol, etc.

Vremja, vperëd est un film-manifeste, réalisé d'après, et sur, un scénario de Valentin Kataev. Tourné à l'occasion du 50e anniversaire d'Octobre (il s'agit donc d'un film de commande), il exalte l'industrialisation au tournant des années 1930. Le film consiste en le récit d'une journée dans la construction du complexe sidérurgique de Magnitogorsk (1929). Schweitzer retrouve dans ce film l'enthousiasme de ses idoles Eisenstein, Dziga Vertov et Maiakovski : la forme consiste en un retour à l'avant-garde des années 1920. Il s'ouvre sur les actualités de Sovkino n° 17 (280) de 1930 (incluant notamment la parade du 1er mai sur la Place Rouge, l'enterrement de Maïakovski, décédé le 14 avril). 5,7 M spectateurs