Film de fiction, U.R.S.S., 1969, de Vladimir Motyl, en couleur, sonore.
Production : MOSFILM, U.R.S.S., 1969
Durée : 85 minutes.
Version originale : russe
Film d'aventures extrêmement populaire en URSS et encore dans la Russie actuelle, Le Soleil blanc du désert est un western version soviétique transposé en Asie centrale (eastern). Le scénariste Valentin Ejov explique que l'idée, ou plutôt la "commande" d'un western était venue "d'en haut" : il fallait "tourner un western aussi bon que les Américains". Plus largement, "la fin des années 1960 voit renaître en URSS le cinéma de genre avec une intensité jamais atteinte depuis les années 1920". [...] Le Soleil blanc du désert "est un jeu sur les conventions du western qui exploite des accessoires exotiques (le harem) de l'époque où le pouvoir soviétique s'établit en Asie centrale" (Nina Dimšic, voir ci-dessous). L'action se déroule après la fin de la guerre civile : le nouveau régime est officiellement venu à bout de la "contre-révolution", mais l'Armée rouge lutte encore contre les féodaux, les "beys" de l'Ancien Régime, qui ont été dépossédés de leur pouvoir et ne pensent qu'à se venger. Le krasnoarmeec [soldat de l'Armée rouge] Fëdor Soukhov, "qui a baroudé de l'Amour au Turkestan", est démobilisé à l'issue de la guerre civile et rentre au pays à travers le désert de sable d'Asie centrale (le tournage du film a eu lieu au Daghestan et au Tadjikistan). Il tombe sur le harem du bey Abdullah, chef de bande et bandit féroce. Rempli de bonnes intentions, Soukhov va tenter de libérer ces femmes et de leur faire partager les valeurs d'émancipation féminine que lui a inculquées la propagande du nouveau régime. Après de nombreuses péripéties tragicomiques, son jeune compagnon, Petroukha, est tué par Abdullah ; Soukhov ne sera sauvé que par l'intervention de l'ancien contrôleur des douanes nostalgique de l'Ancien Régime, Verechtchiaguine, et du berger Saïd. La propagande est bien présente dans Le Soleil blanc du désert, mais noyée dans l'humour. Le film, tourné dans le "Studio expérimental" de Mosfilm (entité à part au sein de ce studio et basée sur le khozrazščët [équilibre financier]) et monté à Lenfilm, n'obtiendra que la deuxième catégorie.
Texte et interprétation des chansons : Boulat Okoudjava.
Pour ce projet de film, Valentin Ejov, scénariste "chevronné" qui avait été pressenti, s'associa à un jeune scénariste de talent mais inexpérimenté à l'époque, Roustam Ibragimbekov. Ejov souhaitait que le réalisateur du film soit Andreï Kontchalovsky, mais celui-ci abandonna le projet pour des raisons personnelles. Après avoir testé deux réalisateurs Youri Tchoulioukine (Les filles) et Vitas Jalakiavicius (Personne ne voulait mourir), le choix se porta sur Vladimir Motyl, metteur en scène de théâtre. Ce dernier avait tourné en 1967 un film extrêmement populaire également, Jenia, Jenetchka et Katioucha, qui eut des problèmes avec la censure du fait que cette comédie traitait du thème de la Grande Guerre patriotique avec trop de légèreté (bien que la fin du film fût dramatique). Ce premier film de Motyl ne fut distribué qu'après un délai de deux ans et suscita de nombreuses polémiques. En 1975, Motyl tournera Etoile d'un bonheur merveilleux sur le thème des femmes de décembristes qui suivirent leurs maris officiers en exil en 1825. Enfin, en 1980, une adaptation (ekranizacija) de la pièce de Nikolaï Ostrovski, La Forêt, sera à nouveau censurée, essentiellement pour cause d'adaptation non conforme d'une pièce classique du répertoire russe. La Forêt ne sortira qu'en 1986 au moment de la perestroïka (ce film fait partie de la liste de films interdits établie par la "Commission des conflits" lors du Ve Congrès de l'Union des Cinéastes en 1986).
Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 20 Décembre 2011.