Un des grands films de la perestroïka, par son contenu et aussi en ce qu’il est l’un des premiers à dénoncer les exactions de la période stalinienne (arrestations arbitraires, à la veille de la guerre, de soi-disants “ennemis du peuple”). Autre nouveauté liée à la période de glasnost, il est aussi l’un des premiers à montrer le corps de la femme partiellement dénudé (dans la première scène du film, et uniquement celle-là, on voit les seins de Natalia Negoda, qui poursuivra dans La petite Véra, ce qui marque une évolution par rapport à l’ancien tabou du sexe au cinéma). Le film s’ouvre sur une photo de classe (adolescents de 9e classe) prise juste avant l’entrée en guerre de l’URSS en 1941 et joue d’emblée la carte de la nostalgie (que sont-ils tous devenus ?) sur fond de musique rétro des années 1930. L’action se déroule dans une petite ville de province. C’est l’histoire d’un premier amour entre jeunes, d’une amitié.. Prolongeant une thématique largement traitée depuis la fin des années khrouchtcheviennes et tout au long de la période brejnevienne, le film porte sur les rapports entre enseignants et élèves, sur l’embrigadement forcé de la jeunesse et le rôle d’ “ indics” des komsomols, sur le mensonge ambiant. Un peu comme Guerman, Kara oppose un socialisme à visage humain à un socialisme à visage stalinien. Après le suicide d’une jeune fiille suite à l’arrestation de son père, le film se termine sur c ette phrase : “Quelle année difficile ! /…/ L’année prochaine sera forcément heureuse !”. Le plan suivant montre les troupes soviétiques partant en guerre sur fond de chant militaire.
Distribution : 1987 — 18e place ; 13,5 M spectateurs.