iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Seule
(ОДНA)

Film de fiction, U.R.S.S., 1931, de Grigori Kozintsev, Leonid Trauberg, en noir et blanc, sonore.

Production : Soyouzkino (Leningrad), U.R.S.S., 1931

Durée : 80 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Les premiers pas vers une vie autonome d'une jeune institutrice qui prend son service dans l'Altaï, au début des annéees 1930, et va entrer en conflit avec les koulaks locaux.

"Elena Kuz'mina a terminé l'institut pédagogique. Elle veut s'installer dans une petite vie heureuse. Elle n'accepte pas sa nomination dans l'Altaï et reste dans le centre du pays. Puis, découvrant le sens de la vie sociale, elle part. Dans l'Altai, le pouvoir réel est détenu par les beys, aux mains desquels se trouve le soviet rural. Kuz'mina prend une part active à la lutte contre les koulaks. Le chauffeur du traîneau la conduisant à la ville, un partisan des koulaks, la jette dans la steppe glacée. Les paysans la découvrent à demi-morte et comprennent. Ils remportent la victoire sur les koulaks. Kuz'mina, malade, est rapatriée, mais promet de revenir" [Scénario tiré de : Jean-Loup Passek (dir.)..., voir infra, p. 173].

"Seule, le premier film parlant de Kozintsev et Trauberg fut lui aussi conçu et réalisé comme un flm muet et terminé, en tant que tel, dès mai 1930. Avant sa sortie publique – octobre 1931 – on y ajouta une bande sonore dont le rôle dans l'économie générale de l'œuvre est plus important que dans La Terre a soif [film également muet, sorti en 1930, auquel une bande sonore fut ajoutée en 1931]. C'est ainsi que certains thèmes musicaux s'y répètent pour des raisons dramatiques et qu'un un chant y exprime l'idéal de l'héroïne.  De plus, certaines s'enrichissent d'un véritable dialogue. Ce qui apparente Seule et La Terre a soif, c'est leur sujet : chacun de ces films nous montrent de jeunes Soviétiques, plus riches d'ardeur que d'expérience, qui doivent participer à la lutte des classes dans quelque province reculée. Dans Seule, il s'agit d'une jeune enseignante, fraîche émoulue de l'Ecole Normale de Leningrad; on l'envoie dans les Monts Altaï où elle manquera de perdre la vie. Son ennui de la grande ville et sa répulsion devant les luttes et les comportements étranges de son nouvel entourage permettent des contrastes dramatiques que Kozintsev et Trauberg accusèrent à l'excès peut-être parce qu'eux-mêmes ne s'adaptèrent pas à ces montagnes où leur travail leur fit passer quatre mois hivernaux ; sans doute, regrettaient-ils le confortable appartement de Léningrad où ils avaient écrit leur scénario après avoir lu un article sur le sauvetage aérien d'une malade. Dans toute leur équipe, seul Moskvine travaillait dans la joie parce qu'il expérimentait un style photographique volontairement simplifié, où seules les blancs et les noirs jouent ensemble. L'héroïne, qui devenait aussi tragiquement isolée que celle de La Nouvelle Babylone, fut aussi interprétée par Elena Koumina. Le film a ses défauts, mais on les oublie vite ; ce qui importe de nos jours c'est l'art avec lequel l'histoire est exposée – ou doit-on dire insinuée ? – ; subtilement, lentement, mais avec quelle force ! Sur le plan technique, le film était satisfaisant ; le système de Chorine ne trahissait pas la partition enthousiasmante de Chostakovitch : c'est à cette musique que l'œuvre dut une bonne part de son succès international" [Extrait tiré de: Jay Leyda,...,voir infra, p. 328].

Emma Widdis (voir infra) note que ce film marque une transition esthétique par rapport au précédent film de Kozintsev et Trauberg, La Nouvelle Babylone (1929), une mutation vers la représentation du "héros de notre temps" qui aboutira finalement à trilogie des Maxime (1934-1938).

 

Orientations bibliographiques :

Jay LEYDA, Kino. Histoire du cinéma russe et soviétique, 1976 (trad. française), p. 328 [éd. originale : 1960, Londres, Allen & Unwin, 493 p.] ; Jean-Loup Passek (dir)., Le cinéma russe et soviétique, Paris, Ed. du Centre Pompidou, 1981, 343 p.  [ sur ce film, p. 172-173] ; Peter KENEZ, Cinema and Soviet society: 1917-1953, Cambridge, Cambridge UP, 1992, 281 p. ; Emma WIDDIS, Visions of a New Land.Soviet Films from the Revolution to the Second World War, New Haven-Londres, Yale UP, 2003, 258 p.(note 1, p. 211) ; Valérie POZNER, "Seule de Kozintsev et Trauberg", 1895, 2004, n° 44 ;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 15 Juin 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé