Abdrachitov aborde dans ce film le thème du “culte de la personnalité” par le biais du cas d’un jeune lycéen de 16 ans, surnommé Ploumboum, qui veut à tout prix devenir policier. Malgré les réticences des responsables, il finit par être enrôlé comme “informateur” de la milice et se conduit dès lors en “petit chef” et en justicier de la ville, pour la bonne cause à ses yeux puiqu’il se fixe comme objectif de repérer les marginaux, truands et clochards pour les faire mettre sous clef. Il en arrive à interroger son propre père, interpellé pour pêche interdite. Le scénario de Mindadze, clin d’œil au cas célèbre du gamin dénonciateur de ses parents transposé par Eisenstein dans Le pré de Béjine, donne au personnage une ambivalence qui donne à réfléchir : il veut “nettoyer la ville de ses saletés”, comme Ivan Lapchine, mais son absence de maturité morale fait que son jeu s’avère dangereux et finit par l’accident mortel d’une amie. Le film s’enchasse dans un courant de dénonciation de la perte des valeurs morales clairement perceptible dans le cinéma soviétique des années 1970 jusqu’à la perestroïka et aussi de dénonciation du désengagement de l’État dans les problèmes de société. Abdrachitov et Mindadze sont parmi les leaders de ce courant.