Sous-titre : "Sur les traces d’une tragédie". Enquête sur un fait divers à Irkoutsk (Sibérie orientale) en 1988. Les sept frères Oviétchkine constituent un orchestre de jazz familial intitulé "Les sept Siméon". Ils ont du succès. Mais l’histoire vire au fait divers tragique : décidant de quitter l’Union Soviétique, ils détournent un avion en plein vol en mars 1988. Ils échouent et tuent leur mère à bord ; puis quatre d'entre eux se suicident. L’avion s’écrase. Le film tente de décrypter comment ces enfants tranquilles se transforment en hors-la -loi. La mère semble être l’instigatrice du processus. Film qui documente un fait divers exceptionnel de la fin de la période brejnevienne et son traitement par la justice soviétique. Les motifs de la tentative de détournement relèvent bien sûr de la fascination pour l’Occident, mais aussi de l’impossibilité d’un épanouissement personnel dans un régime totalitaire. Nombreuses images du procès des deux survivants : lieu de confession publique avant l’expiation de la prison, celui-ci est un moment de grande intensité dramatique.Cette tragédie exemplaire ne pouvait qu’inspirer Herz Frank, réalisateur letton dont le cinéma-vérité est traversé par l’idée dostoïevskienne du châtiment (prix du meilleur documentaire au festival du Cinéma du Réel 1991).

Herz Frank dira à la fin du film : "Le suicide collectif dans un avion en feu, ce n'est pas seulement la conclusion d'un banal fait divers ; c'est une révolte, c'est une explosion sociale, un signal. L'image de la catastrophe qui nous attend si nous laissons le mal et la violence gouverner le monde" (cité dans E. Pezza-Braoun, voir ci-dessous, p. 36).