Œuvre clef du Dégel. Pendant la Grande Guerre patriotique, le jeune soldat Aliocha Skvortsov accomplit un exploit héroïque et reçoit en récompense une permission de 6 jours — le temps qu’il lui faut pour rentrer dans son village natal revoir sa mère. Ce voyage prendra l’allure d’un véritable parcours initiatique au cours duquel il rencontre la jeune Choura. Ils s’éprennent l’un de l’autre d'un amour pur et radieux. Mais Aliocha ne rentrera pas à l'issue des combats. Ce film est emblématique du Dégel de par son approche humanisée, et non plus héroïsée, de la guerre. Ancien combattant lui-même, Tchoukhraï a pu apporter une expérience vécue dans sa collaboration avec le célèbre scénariste Valentin Ejov. “Dans ce film — dit Tchoukhraï — j'ai voulu parler de mes camarades, des hommes de mon âge devenue soldats en sortant de l'école. Renonçant aux scènes de batailles et aux accessoires des films de guerre, j'ai cherché un sujet qui flétrit la guerre". D'emblée, le cinéaste dédramatise l'intrigue en faisant dire par une voix off sur l'image d'une femme regardant l'horizon : “Cette mère n'attend plus son enfant : il est mort à la guerre". La simplicité du ton sans emphase pathétique suscite une émotion sincère. Les deux héros, Vladimir Ivachov et Janna Prokhorenko, dont ce sont les premiers rôles au cinéma, incarnent avec modestie des personnages profondément vrais. Tchoukhraï montre une guerre où il n'y a pas que des héros et n'occulte pas les effets secondaires du conflit : tromperie, trahison, corruption, même si cet aspect est davantage mis en évidence dans “Quand passent les cigognes" (Mikhaïl Kalatozov).
Distribution : 1959, 12e place ; 30,1 M spectateurs