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Luna Park
(ЛУНA-ПAРК)

Film de fiction, France-Russie, 1992, de Pavel Lounguine , en couleur, sonore.

Production : IMA Filmas, L. Productions, Ciby 2000, France-Russie, 1992

Durée : 111 minutes.

Version originale : russe

Doublage : français

Résumé :

L'action se déroule autour d'un parc d'attractions moscovite, Luna Park, qui donne son titre au film. Andreï Goutine, jeune voyou moscovite, est le leader d'un gang qui pratique des raids antisémites, le chef d'une horde de loubards fascistes qui se croient chargés de "nettoyer" le pays. Les heurts de ces čistil'ščki avec des bandes rivales se déroulent avec une violence maximale, qui semble inimaginable dans le Moscou de 1992, au tout début de la période post-soviétique. Pavel Lounguine, avec ce deuxième film qui s'inscrit dans le prolongement de Taxi Blues (1990), joue les précurseurs en stigmatisant, en amont, la flambée à venir du nationalisme en Russie. Une Russie vivant un cauchemar éveillé, apeurée devant cette violence collective et livrée à ses fantômes les plus obscènes."Dans le désarroi actuel, le tentation de faire jouer le ressort nationaliste est très forte" – dit le cinéaste dès 1992, qui signale également le risque de dérive vers la guerre civile à ce moment précis en Russie.

Andreï entreprend un voyage initiatique dans un Moscou violent, alcoolisé et hallucinant,  pour découvrir son père, ses racines, sa mythologie familiale. Lounguine renoue là avec la thématique du passé douloureux, des familles éclatées et du père absent. Le jeune homme va découvrir que ce père, dont il est le fils illégitime, est juif. Une paternité qui semble assez improbable chez cet artiste, musicien, saltimbanque, érudit, roi de la combine, qui l'entraîne dans un monde totalement différent du sien. Le personnage  de Naoum Khleifitz est magistralement interprété  par l'acteur Oleg Borisov, à peine reconnaissable, en pleine divagation dans un rôle totalement décalé. 

Le spectateur est pris dans un délire visuel, excessif comme les montagnes russes du Luna Park et comme Lounguine lui-même. Dans ce film brouillon, abrupt, prémonitoire, le cinéaste oppose les mêmes archétypes que dans Taxi Blues : prolétaire russe d'un côté, artiste-intellectuel juif de l'autre. Le salut est dans la fuite.

 

Orientations bibliographiques :

Voir dossier de presse Iconothèque  ; Marlène LARUELLE, Le Nouveau nationalisme russe. Des clés pour comprendre, P : L'œuvre Editions, 2010, 373 p.;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 27 Avril 2011.

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