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De la Vie des estivants
(ИЗ ЖИЗНИ ОТДЫХAЮЩИХ)

Film de fiction, U.R.S.S., 1980, de Nikolaï Goubenko, en couleur, sonore.

Production : MOSFILM, U.R.S.S., 1980

Durée : 85 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

L'action se déroule à la fin des années 1970 en  Crimée, au bord de la mer Noire, dans une maison de repos – version ancien palais soviétique de kurort, au charme suranné – , où se retrouvent un certain nombre d'estivants. La saison est automnale. La quarantaine avancée, les pensionnaires, hommes et femmes, trompent un ennui palpable, un vide existentiel, en abordant des sujets de conversation liés à la santé, aux relations amoureuses, au passé, à la vie quotidienne. La vraie vie est ailleurs, dans cette satire  à la fois mélancolique et désabusée où chacun porte le poids du passé, de ses échecs amoureux ou autres, et où les personnages les plus authentiques sont confrontés, du fait de la rupture que suscite cette semaine d'inaction, au bilan d'une demi-vie écoulée, cherchant encore le bonheur ou plutôt l'illusion du bonheur. Une relation se met en place progressivement entre Nadejda (Janna Bolotova) et Alexeï (Regimantas Adomaïtis). L'héroïne trouve chez cet inconnu, beau chirurgien ténébreux en pleine crise existentielle, les aspirations qui lui correspondent en profondeur mais qu'elle a toujours étouffées car elle n'a pensé qu'à sa famille jusqu'à 40 ans. Iront-ils jusqu'à nouer une idylle, ou bien le poids de la vie passée, et la brièveté de ces quelques jours de vacances, les renverront-ils chacun à leur solitude ? Le tout se noyant, comme il se doit, dans les vapeurs d'une soirée tzigane. Le désœuvrement, l'approche de l'âge, le poids de la désillusion se doublent ici d'une noirceur, d'une atmosphère  plombée,  spécifique du cinéma brejnévien et rendues excellemment par le réalisateur Nikolaï Goubenko et son opérateur. Il faut noter la participation de l'immense actrice Alisa Freindlikh, qui domine l'ensemble dans son rôle de délicieuse vieille dame surannée d'Ancien Régime,  de  deux très grands acteurs du cinéma brejnévien, Anatoli Solonitsyn et Rolan Bykov, un peu à contre-emploi dans cette satire de mœurs légère à l'ambiance tchékhovienne ; ainsi que celle de l'actrice Lidia Fedoseeva-Choukchina, épouse du réalisateur et acteur Vassili Choukchine.

Nikolaï Goubenko, diplômé du VGIK comme acteur, a joué au théâtre de la Taganka et débuté au cinéma dans le film de Marlen Khoutsiev, J'ai vingt ans, avant d'obtenir un second diplôme, celui de réalisateur. Il joue dans son premier film, Un soldat est revenu du front (1971) où il montre les dures conditions de vie dans les régions ravagées par la guerre, puis Les Orphelins (1976), qui reste dans le même régistre en mettant en scène un orphelin de guerre (ce que Goubenko est lui-même). Il s'agit d'une chronique autobiographique à 50 % et jouée par de vrais orphelins. De la vie des estivants est son film suivant, d'une tonalité plus légère, ainsi que Et la vie, et les larmes, et l'amour (1983), dont l'action se déroule dans une maison de retraite. Après quoi, Goubenko est nommé directeur de la Taganka puis, en 1989, ministère de la Culture.

 

 

 

Orientations bibliographiques :

Marcel MARTIN, Le cinéma soviétique de Khrouchtchev à Gorbatchev, Paris, L'Age d'Homme, 1993, 223 p. (p. 95-96) ; Latavra Doularidze, “S’arrêter, regarder en arrière”, Le film soviétique, 81/4, p. 16-17 ;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 15 Décembre 2011.

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