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Syndrome asthénique
(AСТЕНИЧЕСКИЙ СИНДРОМ)

Film de fiction, U.R.S.S., 1989, de Kira Mouratova/Muratova, en couleur/noir et blanc, sonore.

Production : STUDIO D’ODESSA, U.R.S.S., 1989

Durée : 156 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Les deux héros du film ont une réaction diamétralement opposée à l’agression permanente qu’ils subissent de la société. Le premier, une veuve de cinquante ans, réagit en “cognant” à son tour ceux qui l’agressent. Le second, un enseignant d’une trentaine d’années, souffre de “syndrome asthénique” : sa tactique de fuite consiste à s’endormir chaque fois qu’on l’assaille, jusqu’à ce qu’il ne se réveille plus de ce sommeil irrésistible, allongé par terre dans une rame de métro, dans l’indifférence générale. Muratova alterne les lieux publics, où s’exprime ce déchaînement général (cf. notamment la scène de la vente de poisson), et les lieux privés, dans lesquels les êtres, privés de toute communication, vivent dans un monologue à plusieurs ou une solitude intégrale. L’enfermement rôde (cercueil, cimetière, cage à oiseaux, fourrière). La cinéaste nomme “corridor de la haine” cette spirale de violence où s’engouffrent les individus et dans laquelle se reflète la désagrégation de la société soviétique à la fin des années 1980. Le langage utilisé est largement ordurier, ce qui a retardé de quelques mois l’autorisation de sortie du film, bien que la levée de toute censure ait été proclamée en 1986 lors du Ve Congrès de l’Union des Cinéastes de l’URSS.

Orientations bibliographiques :

D. POPOV, “Bog umer”, Iskusstvo kino, 3, 1990, pp. 37-41 ; M. YAMPOLSKI, “A la défense du sommeil profond”, Le Film Soviétique, 5, 1990, p. 6 ; M. GODET, “Hurler pour se faire entendre”, Le Monde Diplomatique, juillet 1991, p. 3; interview de Muratova à Paris en mars 1991 ;  J. TAUBMAN, “The cinema of Kira Muratova", The Russian Review, 52, juillet 1993, p. 367-381 ; id., Astenic Syndrom, Cinetek Series, Wiltshsire, Flicks Books, 2000, 54 p. ; id., Kira Muratova, Londres, I.B. Taurish Publlshers, 2004, 168 p. ; A. PLAKHOV, “Kira Muratova", Vsego 33: Zvezdy mirovoy kinorežissury, Vinnitsa, Akvilon, 1999, p. 201-212 ; G. ROBERTS, “The meaning of death: Kira Muratova's cinema of the absurd", in B. REUMERS (dir), Russia on reels: the Russian idea of post-soviet cinema, Londres, I.B. Tauris, 1999, p. 144-160 ; Jane TAUBMAN, Kira Muratova, Londres, I.B. Taurish publishers, 2004, 168 p. ;  Eugénie ZVONKINE, « Les états de la dissonance dans l'oeuvre cinématographique de Kira Mouratova», thèse, Paris 8, 2009 ; Nancy CONDEE, The Imperial Trace. Recent Russian Cinema, Oxford-Londres, Oxford UP, 2009, 352 p. (ch. 4 : "Kira Muratova: The Zoological Imperium", p. 115-140) ; Martine GODET, La pellicule et les ciseaux. La censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka, P, CNRS Editions, 2010, 308 p. (thèse EHESS, Paris, sous la direction de Marc Ferro, 2000) ;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 14 Février 2012.

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