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Voix solitaire de l'homme (La)
(ОДИНОКИЙ ГОЛОС ЧЕЛОВЕКA)

Film de fiction, U.R.S.S., 1987, de Alexandre Sokourov/Sokurov, en couleur/noir et blanc, sonore.

Production : LENFILM (avec le concours de l’Union des Cinéastes de l’URSS), U.R.S.S., 1987

Durée : 83 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Essai de jeunesse de Sokourov (1er long métrage de fiction) ; le scénario est adapté de trois nouvelles de Andreï Platonov : L’homme secret, La rivière Potudan, Les origines du maïtre. On pressent clairement ce que cherche Sokourov : filmer la mort, “constuire chaque scène comme un dispositif préparatoire, confronter le corps de ses acteurs à leur disparition, faire un cinéma de l’acte final” d’après O. Joyard, voir infra).
L’action de ces récits de Platonov, longtemps mis à l’index, se situe à la fin de la guerre civile et met en présence un jeune soldat démobilisé, Nikita, qui retrouve à son retour une amie d’enfance, Liouba, jeune fille fragile et intelligente. Ces deux êtres esseulés, sans famille et déboussolés par les événements, se retrouvent pour s'aimer. Nikita sauve Liouba de la famine, qui le soigne à son tour, gravement malade du typhus. Tous deux rétablis après tant de souffrances, ils décident de se marier. Mais Nikita aime trop Liouba, au point que leur amour devient platonique. Les jeunes mariés restent désespérément frustrés. Liouba tente de se suicider. Nikita tente de fuir l'amour et la honte pour s'oublier en solitude et réfléchir aux problèmes éternels de la vie sur terre. Les souvenirs éveillés par les vieilles photos qu’ils regardent se mêlent à des scènes cauchemardesques suscitées par l’idée de la mort. Le film est entrecoupé d’images d’archives (dont le premier plan du film montrant ce qui semble être des prisonniers, hommes et femmes, faisant tourner une immense roue, pour le flottage du bois sur la rivière. Evocation à peu près transparente du système répressif soviétique ?).
La scène majeure du film semble être celle où le jeune héros, assis dans une barque, au large de la rivière, contemple très longuement les profondeurs insondables de l’eau dans laquelle on pressent qu’il va finir par basculer, sans qu’on voie jamais cet acte final — représentation de la mort, tenaillante quoiqu’à peine suggérée, comme un saut, ou un abandon, dans les profondeurs.

Orientations bibliographiques :

Voir documentation Iconothèque ; voir la revue Iskusstvo kino, n° 8 et 9, 1987 ; Olivier JOYARD, “Alexandre Sokourov. La force du condamné”, Cahiers du cinéma, n° 528, octobre 1998, p. 4 (voir aussi filmographie p. 5) ; voir l’ensemble du n° 1 de la revue Hors-champ consacré à Sokourov : “Sensibilité chagrine : Sokourov” ; et encore : Georges NIVAT, “Sokourov ou la quête de l’envers de l’image”, Hors-champ, “Cinéma russe contemporain”, n° 9 ; id., “ ‘La vie n’est pas la mort, c’est le temps’. Entretien avec Alexandre Sokourov”, ibid. “Entretien avec Alexandre Sokourov” (réalisé par Kirill Galetski en 2001 à Saint-Pétersbourg), Images documentaires, 50/51, 1er et 2e trimestres 2004, p. 87-95 ; Pierre-Olivier BARDET, “ ‘Élégie de la traversée’ : récit de la genèse d’un projet, ibid., p. 99-104 ; Alexeï Jankowski,”Ronde de nuit”, ibid., p. 105-107 ; Diane ARNAUD, Le cinéma de Sokourov. Figures d’enfermement, P, L’Harmattan, coll. “Esthétiques”, 2005 ; François ALBERA, Michel ESTEVE (dir.), CinémAction n° 133, "Alexandre Sokourov",  Corlet Publications, 2009, 177 p. ; Nancy CONDEE, The Imperial Trace. Recent Russian Cinema, Oxford-Londres, Oxford UP, 2009, 352 p. (ch. 6 : "Aleksandr Sokurov: Shuffling Off the Imperial Coil", p. 159-184) ;

Sur l'œuvre de Sokourov, voir le documentaire d'Anne Imbert (2008) : Alexandre Sokurov. Questions de cinéma.

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 29 Février 2012.

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