iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Sibériade
(СИБИРИAДA)

Film de fiction, U.R.S.S., 1978, de Andreï Mikhalkov-Kontchalovski, en couleur, sonore.

Production : U.R.S.S., 1978

Durée : 137 minutes.

Version originale : russe

Doublage : français

Résumé :

Epopée à la gloire du communisme, sous la forme d'une fresque éclatante de la colonisation de la Sibérie, à travers le destin de deux familles résidant dans le village d'Elan, dans une région désolée et couverte de marécages. La Sibériade court du début du XXe siècle jusqu'aux années 1960-1970. Deux familles, depuis des générations, incarnent le destin du village : d'un côté de riches boyards, les Solomine, avares, attachés à leurs prérogatives ; de l'autre de pauvres moujiks, rebelles et idéalistes, les Oustioujanine.

On apprend un jour à Elan que la Révolution a eu lieu en Russie : le jeune Nikolaï Oustioujanine se réjouit à l’idée que vont s’accomplir les paroles d’un bagnard politique qui lui a parlé dans son enfance de la ville du Soleil et de l’égalité pour les hommes. Mais il se heurte à l’hostilité des Solomine qui refusent le nouveau régime. Nikolaï est d’abord seul contre eux. Mais, de génération en génération, et jusqu’aux années 1960, période de l’industrialisation, les Oustioujanine prouveront qu’ils sont les plus forts : ce sont eux qui  construiront l’ère nouvelle dans leur région, qui découvriront les richesses naturelles de la terre sibérienne.

La beauté exceptionnelle du film tient au lyrisme de la nature : Andreï Kontchalovski a « un sens de la nature quasi pulmonaire : la présence de l’immense forêt sibérienne, à travers laquelle le premier des Oustioujanine s’épuise à tracer une route vers l’inconnu, le rythme lent du fleuve, seul lien du village avec le monde, la neige, les marécages. Il y a là une redécouverte d’une respiration lyrique, une sorte d’accord tellurique à la Dovjenko ». (Lucien Logette, Jeune Cinéma, septembre 1979 ).

Ce film a eu néanmoins des difficultés avec les censeurs du Goskino, qui lui ont fait les observations suivantes :

1) (A. Bogomolov) : "Dans les relations entre Taja et Aleksandr, il y a une teinte de vulgarité et de banalité. Taja est dépeinte de façon unilatérale : les auteurs laissent entendre que Taja entretient des relations libres avec les hommes. Nous demandons d'envisager une autre solution pour l'épisode dans le lit.[...]"

2) Le final du film comportait la scène suivante : les géologues découvrent du pétrole à la lisisère d'un village perdu de Sibérie et le puits de forage est installé non loin du cimetière du village. Un jet imprévu de pétrole provoque un incendie. Le feu gagne le cimetière. Les croix des tombes [des vieux-croyants ?] s'embrasent. A tout moment, le cimetière peut être détruit par une explosion. Les villageois accourent vers leurs tombes, entourées de flammes terribles, mais les soldats les retiennent. Au moment culminant, le récit passe au symbolisme : dans des séquences tournées au ralenti,en fondu-enchaîné, les morts et les vivants se jettent dans les bras les uns des autres. Enfants, frères, sœurs, parents s'embrassent comme pour la dernière fois.

(A. Bogomolov) : "Nous vous demandons de revoir dans l'épilogue la scène du cimetière. La fraternisation symbolique des vivants et des morts ne doit pas revêtir le caractère d'une réconciliation de classes".



 

Orientations bibliographiques :

Andrej MIHALKOV-KONČALOVSKIJ, Parabola zamysla [La parabole du projet], M, Iskusstvo, 1977, 230 p. ; id.,Vozvyšajuščij obman [Une duperie sublime], M, Soveršenno sekretno, 1999, 320 p. ; Catalogue URSS, 50 ans de cinéma retrouvé, 1990, Paris, La Cinémathèque Française, p. 13-14 ; Catalogue des 9es Rencontres cinématographiques de Quimper, mars-avril 1991 (rétrospective Mikhalkov et Kontchalovski) ;  John B. DUNLOP, “Russian nationalist themes in Soviet film of the 1970s”,The Red Screen. Politics, Society, Art in Soviet Cinema, Anna Lawton éd., Londres-New York, Routledge, 1992, p. 231-248 ; Dmitry et Vladimir SHLAPENTOKH, Soviet cinematography. 1918-1991. Ideological conflict and social reality, New York, Aldine de Gruyter, 1993, p. 150-153 ;

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 22 Juin 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé