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Longs adieux
(ДОЛГИЕ ПРОВОДЫ)

Film de fiction, U.R.S.S. (Ukraine), 1971, de Kira Mouratova/Muratova, en noir et blanc, sonore.

Production : STUDIO D’ODESSA, U.R.S.S. (Ukraine), 1971

Durée : 95 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Muratova met en scène un conflit psychologique construit autour des relations mère/fils : une mère divorcée dans la cinquantaine, Evgenia Vassilievna, accapare son fils adolescent, Sacha, qu’elle a élevé seule, et le confine inconsciemment dans un infantilisme prolongé. Sacha se rebelle contre l’autorité maternelle, abusive, et souhaite rejoindre son père. Le jeune homme est à la fois insoumis, assoiffé d’indépendance, et tendre envers sa mère. Il découvre des pans entiers du monde qui s’ouvrent devant lui. L’héroïne est simultanément touchante et suffocante, capable de passer de la quasi-hystérie à l’auto-ironie en quelques secondes. Sur son visage et dans ses gestes apparaît l’image réfractée de la transformation que signifie pour elle la fin d’une époque, celle de l’enfance de son fils. Elle traite celui-ci tantôt d’égal à égal, tantôt avec une dernière tentative d’exercer son autorité maternelle. Elle n’est plus alors qu’une boussole déréglée au comportement hystérique.
Ce film a été censuré pour plusieurs motifs : noirceur de la représentation de la réalité soviétique brejnevienne ; mièvrerie et “absence de sujet”, sur-représentation du quotidien et absence de vrai héros, représentation négative de la mère et absence du père, d’où découle une mauvaise image de la famille soviétique ; enfin, Longs adieux a subi une “censure en creux”, c-a-d que le film a été stigmatisé pour ce qu’il ne montrait pas  – et aurait dû montrer ( "Enjeu fondamental, puisque cette censure invisible correspond aux sujets qu’il faudrait idéalement traiter, mais qui ne le sont pas, ou pas suffisamment, aux yeux du Parti" ; cf. M. Godet, La Pellicule et les ciseaux..., voir infra, p. 50) .

Orientations bibliographiques :

D. POPOV, “Bog umer”, Iskusstvo kino, 3, 1990, p. 37-41 ; J.-P. FARGIER, “Viva Muratova”, Art Press (cinéma), n° 159, juin 1991, p. 54-56 ; J. TAUBMAN, “The cinema of Kira Muratova", The Russian Review, 52, juillet 1993, p. 367-381 ;  A. PLAKHOV, “Kira Muratova", Vsego 33: Zvezdy mirovoy kinorežissury, Vinnitsa, Akvilon, 1999, p. 201-212 ; M. GODET, “Censure et scénario dans le cinéma soviétique (1955-1985), in J.-P. Bertin-Maghit, B. Fleury-Vilatte éds., Les institutions de l’image, P, EHESS, 2001, p. 147-159 ; G. ROBERTS, “The meaning of death: Kira Muratova's cinema of the absurd", in B. REUMERS (dir), Russia on reels: the Russian idea of post-soviet cinema, Londres, I.B. Tauris, 1999, p. 144-160 ; Jane TAUBMAN, Kira Muratova, Londres, I.B. Taurish publishers, 2004, 168 p. ; Eugénie ZVONKINE, « Les états de la dissonance dans l'oeuvre cinématographique de Kira Mouratova», thèse, Paris 8, 2009 ; Nancy CONDEE, The Imperial Trace. Recent Russian Cinema, Oxford-Londres, Oxford UP, 2009, 352 p. (ch. 4 : "Kira Muratova: The Zoological Imperium", p. 115-140) ; Martine GODET, La pellicule et les ciseaux. La censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka, P, CNRS Editions, 2010, 308 p. (thèse EHESS, Paris, sous la direction de Marc Ferro, 2000);

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 14 Février 2012.

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