iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Soyez les bienvenus
(ДОБРО ПОЖAЛОВAТЬ ИЛИ ПОСТОРОННИЙ ВХОД ВОСПРЕЩЁН)

Film de fiction, U.R.S.S., 1964, de Elem Klimov, en noir et blanc, sonore.

Production : MOSFILM, U.R.S.S., 1964

Durée : 74 minutes.

Version originale : russe

Sous-titres : français

Résumé :

Film de diplôme d'Elem Klimov, la comédie Soyez les bienvenus est, de fait, son chef-d’œuvre. D’emblée, le réalisateur trouve le genre qui lui convient le mieux, celui de la satire. Le film constitue un pamphlet désopilant du système soviétique, en utilisant la métaphore d’un camp de pionniers symbolisant l’URSS du Dégel, où le médiocre directeur du camp, Dynine, n'a qu'une obsession : "interdire !". Des affiches comportant ces interdictions sont placardées dans tous les coins du camp. Dynine fait régner un bureaucratisme effréné  et une discipline tâtillonne qui virent au ridicule. Mais  des événements extraordinaires, amusants et mystérieux troublent bientôt cette vie bureaucratique bien réglée. Un jeune pionnier rebelle résiste : Kostia Inotchkine viole le sévère règlement du camp et est renvoyé chez sa grand-mère.

Cette œuvre s’inscrit dans le courant, encouragé par le Premier Secrétaire du Parti,  qui consistait à combattre la sclérose bureaucratique tendant à étouffer le développement social et notamment le libre épanouissement des enfants. Néanmoins, cette satire sociale corrosive, son irrévérence envers le « tout-maïs » de l’ère khrouchtchevienne, l’enterrement (fictif) de la grand-mère de Kostia, dont le portrait porté en procession ressemble étrangement, de l’avis des censeurs, à Khrouchtchev lui-même, et mille autres facéties drôlatiques font immédiatement classer le jeune cinéaste surdoué comme un élément dangereux. Malgré le blocage de la Direction du VGIK, Sergueï Guerassimov obtient la validation du film pour le diplôme de Klimov. Soyez les bienvenus reste néanmoins en souffrance jusqu’à ce que Khrouchtchev en personne finisse par le regarder dans sa datcha, en rie et ordonne qu’on le laisse sortir. Ce qui ne plaît pas aux bureaucrates du Goskino : le film reçoit son visa de sortie avec la deuxième catégorie, mais sera projeté uniquement aux séances  pour enfants afin de limiter son impact sur le public soviétique, puis très vite retiré de l'affiche.

 

Orientations bibliographiques : Martine GODET, La pellicule et les ciseaux. La censure dans le cinéma soviétique du Dégel à la perestroïka, Paris, CNRS Editions, 2010, 308 p.  (voir la trajectoire de Klimov [chap. 3, p. 117-125], ainsi que l’interview du réalisateur [annexes, p. 211-229].

Notice créée le 23 Avril 2007. Dernière modification le 18 Juin 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé