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Adieu camarades ! — L'Empire soviétique 1975-1991 — Episode 3 : Espoir 1985-1987

Film documentaire, Allemagne-France, 2011, de Andrei Nekrasov, en couleur, sonore.

Production : ARTLINE FILMS, GEBRUEDER BEETZ FILMPRODUKTION, ARTE France, ARTE G.E.I.E., etc., Allemagne-France, 2011

Durée : 49 minutes.

Version originale : allemand

Doublage : français

Résumé :

Le troisième épisode de Adieu camarades ! analyse l'émergence du "phénomène Gorbatchev" et de la perestroïka (1985-1987).

- Février 1984 : mort de Youri Andropov. Sous Konstantin Tchernenko, qui lui succède, on observe un durcissement de la répression à l'égard des dissidents [Interview de Lagle Parek, militante estonienne des Droits de l'Homme].

- Au décès de Tchernenko, Gorbatchev devient Secrétaire général du P.C.U.S. (mars 1985). Andreï Gratchev [int.] évoque le "phénomène Gorbatchev". Selon ses propos, Gorbatchev, lorsqu'il découvre les horreurs du stalinisme, croit comme toute sa génération ("niche des années 1960") que le véritable socialisme n'a pas encore vu le jour. Anatoli Tcherniaev [int.], ex-"plume" de Brejnev, devenu l'adjoint de Gorbatchev avant et pendant sa présidence, rappelle qu'à l'arrivée au pouvoir de ce dernier, "le système stalinien, restauré sous Brejnev, était encore en vigueur tant sur le plan économique que politique, tout spécialement dans le domaine des Droits de l'Homme". Toujours selon Tcherniaev, c'était "la première fois qu'un homme 'doté de moralité' parv[enait] au sommet du système soviétique". Alexei Kandaurov, officier du KGB (1967-1991) devenu chef du service de sécurité de Gorbatchev [int.] rappelle que c'est Andropov qui a lancé la carrière de Gorbatchev. Boris Belenkin,  dissident, membre de l'Organisation Memorial [int.] prétend que "personne n'attendait rien de Gorbatchev" [à son arrivée au pouvoir].

- Bilan de l'URSS en 1985 : l'économie soviétique est en ruine, minée par le complexe militaro-industriel et une course aux armements justifiée par la menace toujours brandie d'une guerre nucléaire. Gratchev [int.]: Gorbatchev est convaincu à  ce moment qu'en se réconciliant avec l'Occident et en cessant de redouter une menace occidentale "absurde", on peut envisager des réformes et tenter de propulser le pays vers la modernité. La force du Secrétaire général aurait été de réaliser que l'Ouest avait en réalité peur de l'URSS.

- Dès lors, Gorbatchev considère que le bouclier contre l'Occident constitué par les pays satellites n'a plus lieu d'être. Les alliés du Pacte de Varsovie doivent retrouver leur liberté mais aussi leurs responsabilités. Comment vont réagir ces pays d'Europe centrale qui se trouvent à différents stades de leur évolution économique ? 

Gratchev [int.] : En Hongrie, Janos Kadar avait commencé à réformer le système bien avant Gorbatchev, en instaurant le "socialisme du goulash" puis l'"euro-socialisme". Kadar aurait manifesté des hésitations quant au nouveau Secrétaire général du P.C.U.S. qu'il aurait considéré comme un "naïf", notamment dans sa tentative soudaine et brutale de résoudre le problème de l'alccolisme en URSS.

Selon Alexandre Tsypko, conseiller de Gorbatchev pour la Pologne, le Secrétaire général aurait été mieux compris par l'intelligentsia occidentale que par les siens. Selon Gratchev, le Général Jaruzelski se serait enthousiasmé pour "l'exemple" qu'incarnait Gorbatchev. Tsypko, dans ses recommandations pour le P.C.U.S. au début de la perestroïka, conseille de laisser se développer "une opposition constructive" en Pologne.

En RDA [int. de Roland Woetzel, ancien membre de la Direction du Parti communiste de RDA], Erich Honecker aurait été sur la réserve quant aux réformes proposées par Gorbatchev, sachant qu'il n'y avait aucune solution pour résoudre les contradictions internes au système économique communiste.

En Roumanie, la réception de Gorbatchev aurait été un triomphe.

- Retour en URSS : de fait, début 1986, avec le XXVIIe Congrès du P.C.U.S.,  rien n'a encore vraiment changé, hormis l'introduction des termes "perestroïka" et "glasnost".

- 26 Avril 1986 : catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Cet accident accélère la prise de conscience de l'état de délabrement du système. Interview de Juri Reimann ("liquidateur" et président de l'Association des intervenants estoniens à Tchernobyl) qui relate sa propre expérience de l'événement. Points évoqués : aucune annonce publique relatant l'événement avant les fêtes du 1er mai ; ce n'est que le 14 mai que Gorbatchev prononce un discours à la Télévision centrale annonçant la catastrophe ; jet de sacs de ciment dans le réacteur en feu depuis des hélicoptères auquel J.R. a participé ; construction du sarcophage en un temps record.

Conséquence : Gorbatchev décide de tenter d'obtenir l'interdiction des armes nucléaires, se rapprochant de facto du Président Reagan sur ce point.un

- Sommet de Reykjavik en octobre 1986 (rencontre Gorbatchev-Reagan).

En marge de ce sommet, réapparaît la question des prisonniers politiques et de la dissidence [int. de Lagle Parek, militante estonienne des Droits de l'Homme]. Andreï Sakharov, physicien nucléaire et dissident, exilé à Gorki depuis 1980, est autorisé fin 1986 par Gorbatchev, à rentrer à Moscou.

- En conclusion, le film évoque très brièvement une "bombe à retardement", Boris Eltsine, soit l'émergence d'une opposition décidée à réformer plus vite et plus fort le régime, alternative face à un Gorbatchev débordé par la situation.

 

 

 

Orientations bibliographiques :

Archie BROWN, The Gorbatchev Factor, Oxford, Oxford UP, 1996, 406 p. ; Mikhaïl GORBATCHEV, Mémoires : une vie et des réformes, P, Ed. du Rocher, 1997 ; Boris ELTSINE, Mémoires, P, Flammarion, 2000 ; Andreï GRATCHEV, Le mystère Gorbatchev : la terre et le destin, P, Editions du Rocher, 2001, 377 p. ;

Sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl :

M.-H. Mandrillon (dir), " Environnement et politique en URSS ", Problèmes Politiques et Sociaux, Série URSS, n° 621, 1989, P, Documentation Française, 64 p. ; "Voyage au pays de la mort nucléaire", numéro spécial de la revue Politis, 1992 ;  Douglas R. WEINER, A little corner of freedom: Russian nature protection from Stalin to Gorbatchev, Berkeley, U. of California Press, 1999, 556 p. ; Svetlana ALEXIEVITCH, La supplication. Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse, P, Jean-Claude Lattès, 1998, 267 p. (traduit du russe : Чернобыльская молитва, м, Остожие, 1997) ; Douglas R. WEINER, A little corner of freedom: Russian nature protection from Stalin to Gorbatchev, Berkeley, U. of California Press, 1999, 556 p. ; В. П. ВИЗГИН (рук.), История советского атомного проекта: документы, воспоминания, исследования, вып. 2, СП, Русский христианский гуманитарный Институт, 2002, 656 с. ; Guillaume GRANDAZZI, Frédéric LEMARCHAND (dir.), Les silences de Tchernobyl. L’avenir contaminé, P, Autrement, coll. “Mutations” n° 230, 2004 ; Pierpaolo MITTICA (with additional texts by Naomi Rosenblum, Rosalie Bertel and Wladimir Tcherkoff), Chernobyl: The Hidden Legacy. Twenty years on and unmasking the fraudulent disinformation disseminated by the IAEA and WHO, Basingstoke, Macmillan, 2007, 240 p. 

Sur Andrei Sakharov : Jay BERGMANN, Meeting the Demands of Reason. The Life and Thought of Andrei Sakharov, Ithaca-Londres, Cornell UP, 2009, 454 p.

 

Notice créée le 2 Août 2012. Dernière modification le 8 Août 2012.

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