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Adieu camarades ! — L'Empire soviétique 1975-1991 — Episode 2 : Menaces 1980-1984

Film documentaire, Allemagne-France, 2011, de Andrei Nekrasov, en couleur, sonore.

Production : ARTLINE FILMS, GEBRUEDER BEETZ FILMPRODUKTION, ARTE France, ARTE G.E.I.E., etc., Allemagne-France, 2011

Durée : 52 minutes.

Version originale : allemand

Doublage : français

Résumé :

Le deuxième épisode de Adieu, camarades ! aborde essentiellement des aspects politiques, à savoir les "menaces" qui viennent ébranler l'Empire soviétique et susciter son déclin de la fin des années 1970 jusqu'à l'émergence de la perestroïka :

- 1) L'Afghanistan

Invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques le 27 décembre 1979. L'opération a été préparée dans le plus grand secret. Même Gorbatchev et Chevarnadze, candidats au Politburo, l'apprennent par la radio et la presse. Les pays membres du Pacte de Varsovie refusent d'approuver l'intervention soviétique. Durant toute la durée de la guerre, les "événements d'Afghanistan" resteront tabous en URSS. [Interview de Andreï Gratchev et Anatoli Tcherniaev sur les motivations de l'intervention]. Selon Alexeï Kandaourov [interview], officier du KGB de 1973 à 1991, Youri Andropov (qui a lui-même dirigé le KGB de 1967 à 1982) est à l'initiative de l'opération, redoutant (déjà à la fin des années 1970) le fondamentalisme islamique et le "péril jaune" ; selon la même source, Andropov est à cette époque persuadé d'un retour à un fondamentalisme chrétien aux Etats-Unis (via les propos du Président Reagan).

- Jeux Olympiques de Moscou (1980), boycottés par 65 nations (dont les Etas-Unis). Vladimir Boukovski, dissident réfugié à l'Ouest, est à l'initiative de cette proposition de boycott.

- 2) La Pologne

Voyage du pape Jean-Paul II en Pologne (1979) : [Interview de Bozena Rybicka, militante catholique et porte-parole de Lech Walesa] : la voix de Jean-Paul II porte car il sait parler avec force de la diginité humaine. Début des grèves en Pologne en août 1980 aux chantiers navals de Gdansk. Les ouvriers polonais exigent des syndicats indépendants et autogérés. Le film met en évidence la corrélation entre le rôle de l'Eglise en Pologne et le développement du mouvement ouvrier [Interview de Jerzy Borowczak, ancien ouvrier et militant de Solidarnosc].

Le film montre en parallèle l'existence, dans les pays d'Europe centrale, de gigantesques bases occupées par des troupes soviétiques d'occupation, soit 1 million d'hommes dont 500 000 dans la seule RDA [interview d'un ancien officier soviétique, Ildar Isangulov, persuadé à l'époque que ces troupes étaient là pour protéger les pays frères et témoignant que ces bases étaient totalement coupées de la population locale].

Jerzy Urban est le porte-parole du gouvernement polonais entre 1981 et 1985 sous la présidence du Général Jaruzelski, premier Secrétaire du Parti communiste depuis 1981 [ Interview]. Alexandre Tsypko (voir épisode 1) est chargé de mission de l'URSS en Pologne [interview] : il déconseille au gouvernement soviétique d'intervenir, "la Pologne n'étant pas la Tchécoslovaquie" et la grave crise économique y étant par ailleurs un facteur d'embrasement. Toujours selon A. Tsypko, Solidarnosc tente alors délibérément d'envenimer les relations soviéto-polonaises en jouant de la provocation afin de susciter une intervention soviétique. Celle-ci aurait déclenché en retour un regain de sentiment nationaliste chez les Polonais, qui seraient alors entrés en guerre pour chasser les Soviétiques.

Proclamation de l'état de siège en Pologne par le Général Jaruzelski (1981). Solidarnosc est dissous. Les Soviétiques n'interviennent pas. 

- 3) Durcissement de la guerre froide et "Guerre des Etoiles"

Mort de Brejnev le 10 novembre 1982. Andropov lui succède et engage un durcissement, à la fois de la répression politique à l'égard des dissidents, et des rapports avec l'Occident en abandonnant les pourparlers sur le désarmement avec les Etats-Unis. [Interview de Andreï Gratchev : ] La génération de Brejnev a grandi dans la peur panique de la menace occidentale, dans une sorte de paranoïa qui n'épargne pas celle d'Andropov (plus jeune que Brejnev de huit ans). Reagan multiplie les déclarations proclamant que l'URSS est "l'empire du mal". Les citoyens soviétiques sont convaincus de la réalité d'une menace américaine sur l'URSS. Dans le même temps, l'URSS a braqué des missiles de moyenne portée sur l'Ouest depuis l'Europe de l'Est. Affaire de l'avion de ligne sud-coréen abattu par les Soviétiques en 1983 avec 269 passagers. Provocation et intox sont les maîtres mots de cette période de tension internationale. Interview du prêtre est-allemand Friedrich Schorleminer selon lequel règne alors en RDA une ambiance de peur constante devant cette menace,  ce qui expliquerait l'émergence d'un mouvement pacifiste contre lequel la police est-allemande réagit violemment et dans lequel l'Eglise joue un rôle de médiateur.

La conclusion consiste en un bref retour sur les afgantsty, ces vétérans de la guerre d'Afghanistan rentrés en URSS brisés, amputés, et qui ne retrouveront pas leur place dans la société russe, suite à ce conflit largement occulté par le gouvernement soviétique.

Orientations bibliographiques : Eric BACHEBER, L'Afghanistan en guerre. La fin du grand jeu soviétique, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1998 ; Рудолф ПИХОЯ, Советский Союз: история власти 1945-1991, М, Высшая Школа, 1999 ; Olelg ERMAKOV, Reals Afghans, P, Albin Michel, 2000 ; Georges-Henri SOUTOU, La guerre de 50 ans. L'affrontement Est-Ouest. 1945-1991, P, Fayard, 2001 ; Svetlana ALEXIEVITCH, Les cercueils de zinc, P, Christian Bourgois, 2002 ; Aleksei YURCHAK, Everything was forever, until it was no more. The last Soviet generation, Princeton-Oxford, Princeton UP, 2006 ; Andreï KOZOVOÏ, Par-delà le mur. La culture de guerre froide soviétique entre deux détentes, Bruxelles, Complexe, 2009, 310 p.;

Notice créée le 1 Août 2012. Dernière modification le 2 Août 2012.

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