Vingt ans après la fin de l'URSS, Adieu camarades ! s'empare de la période de l'effondrement du communisme entre 1975 et 1991, avec pour objectif d'"expliquer pourquoi et comment le communisme est mort". Extraits de films soviétiques, chansons dissidentes ou archives privées (notamment photos et films amateurs en grand nombre et d'un intérêt exceptionnel) ressuscitent un monde perdu et explorent la face cachée du bloc de l'Est. Ce documentaire (6 épisodes d'environ 52 mn) a l'ambition de raconter le communisme depuis son apogée au milieu des années 1970 jusqu'à sa chute en 1991. Le réalisateur, Andreï Nekrasov, né en URSS, insère dans cette trame historique sa propre histoire en s'adressant à la fille qu'il a eue avec une Allemande de l'Ouest avant la réunification et qui a grandi en Occident, en explicitant pour elle les motivations qui l'ont poussé  à rester en URSS (puis en Russie) et à en défendre les valeurs. Tatiana l'interpelle en retour sur ses choix, sur ceux de l'Union soviétique. La forme du récit et cette dimension personnelle évitent un traitement conventionnel (succession de films d'archives portant sur de grands événements). Par ailleurs, le documentaire fait exclusivement parler des intervenants issus des pays concernés (de tous les pays de l'ancien bloc de l'Est, ce qui offre une approche transversale des thèmes traités), qu'il s'agisse d'acteurs importants comme l'ex-conseiller de Gorbatchev, Andreï Gratchev, ou de gens simples, ni héros ni serviteurs. Aucun expert étranger n'est interviewé. L'ensemble diffuse une nostalgie forte de cette culture particulière qu'avait nourri le socialisme de l'Est – nostalgie annoncée dès la première phrase du film par Andrei Nekrasov parlant à la première personne : "C'était le 25 décembre 1991, j'avais 33 ans. Quelque chose est mort en moi. Le communisme, l'idéal le plus puissant depuis le christianisme, était mort". Mais aucune lamentation n'accompagne ce constat lucide au long des six épisodes.

Nekrasov a collaboré pour ce film avec deux co-auteurs, le Français Jean-François Colosimo et le Hongrois György Dalos. Un web-documentaire accompagne l'ensemble : WWW.ARTE.TV/CAMARADES

[Chacun des six épisodes est détaillé dans une notice séparée]