iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Emission "Traverses" — Le Refuge

Film documentaire, France, 1990, de Lilia Ollivier, en couleur, sonore.

Production : SYGMA TV, LES NOUVELLES DE MOSCOU, France, 1990

Durée : 52 minutes.

Version originale : français

Résumé :

Documentaire engagé sur la persécution de l'Eglise catholique ukrainienne par les Soviétiques entre 1939 et 1989. Le titre vient du "refuge" que les catholiques ukrainiens auraient trouvé dans la foi dans l'Ukraine communiste. Le témoignage du Père Boudzynski, envoyé au Goulag de 1945 à 1955, puis de nouveau  durant deux ans et demi après le soulèvement hongrois de 1956, sert de fil conducteur au documentaire.

Les Ukrainiens occidentaux (capitale : Lvov, Galicie) sont des catholiques de rite oriental. Mais le terme d'"Eglise uniate" n'est, étrangement, jamais prononcé dans le film. L'ensemble des rites et des cérémoniaux de l'Eglise catholique ukrainienne sont très proches de ceux de l'Eglise orthodoxe ukrainienne ; les prêtres peuvent se marier; la différence fondamentale réside dans l'allégeance à la souveraineté du pape.

Rappel historique (proposé par le film) : En 1939, Lvov et l'Ukraine occidentale font partie de la Pologne depuis 1920. En août 1939, le pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS est signé. Suite à l'une de ses clauses secrètes, Lvov est occupée par les Soviétiques le 17 septembre 1939. Par décision de Staline (sans indication de date), l'Eglise catholique ukrainienne est interdite. Dès lors, des messes sont célébrées clandestinement.  En moins de deux ans (1939-1941), 1.143.000 personnes sont déportées ou tuées par l'URSS. La Galicie orientale est ensuite reconquise par les Allemands le 30 juin 1941. Juste avant que les Russes ne se retirent, le NKVD  perpètre des massacres dont l'URSS accusera les Nazis, comme pour Katyn. A son tour, Hitler déporte, de toute l'Ukraine, 2,5 M de personnes entre 1941 et 1944. En 1942, le Métropolite Andrey Sheptytsky adresse un message, en français, au pape Pie XII, évoquant notamment les massacres de juifs perpétrés en Ukraine. Enfin l'Armée de Koniev libère la Galicie orientale en 1944 : cette dernière est alors annexée à la république d'Ukraine en 1945. Le Métropolite est arrêté en avril 1945 (et le Père Boudzynski en mai de la même année). Tous les évêques sont liquidés. Le 22 février 1946, un groupe de trois prêtres catholiques (Pères Kostelnyk, Pelvetski et Melnik), favorables à la réunification de l'Eglise catholique ukrainienne avec l'Eglise orthodoxe russe, acceptent la convocation d'un concile truqué. 204 prêtres présents, encadrés par la police, votent en faveur de la réunification. Le Métropolite Josef Slipy est envoyé au Goulag. Les églises catholiques ukrainiennes sont fermées, tranformées en musées de l'athéisme ou données au culte orthodoxe.  Des messes continuent à être dites dans la plus grande clandestinité.

En 1989, on observe, dans l'élan de la perestroïka, un retour à la liberté de culte et un important renouveau religieux. Rassemblement de jeunes religieuses dans un monastère clandestin, qui évoquent leur activité underground durant la longue période d'interdiction.  Avec l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir, certains lieux de culte sont tolérés. Petit à petit, certaines paroisses, devenues orthodoxes en 1946, sont rendues au culte catholique. Témoignage d'Ivan Hel, prêtre catholique, ainsi que de membres de nouvelles fraternités.

Mais des débats ont lieu dans la presse à la même période (Nouvelles de Moscou, Ogonëk), tendant à opposer la hiérarchie de l'Eglise catholique aux fidèles, sous prétexte d'une collaboration (supposée ou réelle ?) de cette élite religieuse avec les Nazis pendant la guerre.

[Commentaire du film : Lilia Ollivier, Eric Lebec, Maurice Albert, Gabriel Courlet].

Orientations bibliographiques :

Notice créée le 26 Juin 2012. Dernière modification le 27 Juin 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé