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Printemps dans la rue Zaretchnaïa (Le)
(ВЕСНА НА ЗАРЕЧНОЙ УЛИЦЕ)

Film de fiction, U.R.S.S. (Ukraine), 1956, de Marlen Khoutsiev, Felix Mironer, en noir et blanc, sonore.

Production : STUDIOS D'ODESSA, U.R.S.S. (Ukraine), 1956

Durée : 96 minutes.

Version originale : russe

Résumé :
Tatiana est une jeune diplômée de l’Institut pédagogique. Pour son premier poste, elle est nommée dans un nouveau bourg industriel où elle doit enseigner la langue et la littérature russes à des adultes en cours du soir. L’un de ses étudiants, Sacha Savtchenko, est le meilleur fondeur de l’usine. Habitué à son succès auprès des femmes, Sacha fait des avances directes à Tatiana. Mais celle-ci, héroïne froide au naturel réservé, le repousse. Le film montrera le dégel (très) progressif des sentiments de la jeune femme à son égard.
Il s'agit du premier film réalisé par Marlen Khoutsiev. Felix Mironer, auteur du scénario, est également assistant réalisateur. Frais émoulus du Vgik, les deux jeunes gens ont respectivement 31 et 29 ans. Le Dégel au cinéma, dont Khoutsiev sera l'un des chefs de file, commence à se manifester par une simplicité et une spontanéité plus grande, l'abandon du solennel et de l'emphase. Un acteur incarne tout particulièrement ce nouveau courant. Nikolaï Rybnikov, jeune acteur de 25 ans qui interprète le rôle de Savtchenko, est le meilleur représentant du héros social des années 1950 – bien plus simple et plus proche des spectateurs. Evgueni Margolit met par ailleurs en évidence que, par opposition au cinéma soviétique antérieur qui avait tendu à une subordination totale de la nature, à une tentative d'échapper totalement au pouvoir des lois naturelles, la libéralisation qu'incarne le Dégel commence (on est en 1956) par un retour à la nature, par une sorte de refonte dans le cycle naturel. Trois des films réalisés en 1956 contiennent le mot "printemps"dans leur titre. Les élements naturels – saisons,  intémpéries, averses soudaines, vent violent, orages, fonte des neiges – rythment l'action. On peut relire nombre de films du Dégel avec cette clef. L'héroïne, note encore Margolit, finit par "fondre" émotionnellement à la fin du film quand le printemps arrive, balayant au sens propre toute sa réserve. Ainsi, le "paysage" ("Landscape, with Hero") aurait  précédé l'humanisation des personnages, leur évolution vers l'expression de leurs émotions, vers tout ce qu'on a appelé le "retour à l'individu", spécifique du Dégel.
Naum Kleiman note à propos de ce film que [...]"c'était un pas en avant. C'est du romantisme lyrique, avec certains éléments de néoréalisme – naturellement un néoréalisme adapté. Nous n'avons jamais eu de néoréalisme au sens strict,  c'était qualifié de 'bourgeois'. Mais pour nous, au Vgik, les deux tendances étaient très importantes, et je pense que sans ce romantisme,Tarkovski n'aurait pas été possible. Ils pressentaient le romantisme et le myticisme de Tarkovski" (in Gels et Dégels, voir ci-dessous).
Fllm primé au festival de la jeunesse et des étudiants à Moscou en 1957.



 
Orientations bibliographiques : Alexander PROKHOROV, "The Unknown New Wave: Soviet Cinema of the 1960s", in Alexander Prokhorov, ed., Springtime for Soviet Cinema. Re/Viewing the 1960s, Russian Film Symposium, Pittsburgh, 2001, p. 7-28 ; Evgenii MARGOLIT, "Landscape, with Hero", in Alexander Prokhorov, ed., Springtime for Soviet Cinema. Re/Viewing the 1960s, Russian Film Symposium, Pittsburgh, 2001, p. 29-50 ; Bernard EISENSCHITZ (dir), Gels et Dégels. Une autre histoire du cinéma soviétique, Paris, Centre Pompidou-Mazzotta, 2002 ( "Une histoire personnelle. Dialogue avec Naum Klejman 2", p. 139-148, voir plus particulièrement p. 142-143) ;

Notice créée le 2 Mai 2012. Dernière modification le 7 Mai 2012.

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