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Orphelins (Les)
(ПОДРАНКИ)

Film de fiction, U.R.S.S., 1976, de Nikolaï Goubenko, en couleur, sonore.

Production : MOSFILM, U.R.S.S., 1976

Durée : 93 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Alexeï Bartenev, écrivain reconnu, revient une fois adulte, dans les années 1970, sur les lieux de son enfance, dans l'orphelinat où il a passé la guerre. Il s'agit du premier film de Nikolaï Goubenko, œuvre très largement autobiographique, interprétée par de vrais orphelins. Le film pêche un peu par sa lourdeur : on est très loin de la fluidité de De la vie des estivants, que Goubenko réalisera en 1980. Mais le poids du ressenti à exorciser pour le réalisateur pourrait légitimer cet aspect, d'autant que, par ailleurs, le film offre une représentation de la période (Seconde guerre mondiale et immédiat après-guerre) ainsi que du traitement de ces pupilles de la nation par l'Etat soviétique, fort intéressante. Le jeune héros, orphelin de guerre, est d'abord livré à sa solitude, commettant des larcins pour se nourrir, après avoir rejoint une bande d'enfants affamés qui errent sur fond de misère. Puis  il est confié à une famille où il se sent rejeté, et enfin placé dans un orphelinat. Toute l'action de ce film d'apprentissage se déroule dans ce detdom, situé dans une veille propriété d'Ancien Régime, dont les lions en pierre et les statues du parc abritent les rêveries du jeune poète (vers composés par Guennadi Chpalikov).  Mais il règne dans cet orphelinat une discipline toute militaire (cf. la scène du conseil de discipline, véritable tribunal devant trancher s'il faut transférer  le jeune Bartenev ou non dans une colonie disciplinaire). Ces enfants sans pères, auxquels on ne manque pas de rappeler ce que l'Etat soviétique fait pour eux, sont notamment invités à écrire une narration sur "l'exploit des pères pendant la Grande Guerre patriotique"...

Trente ans plus tard, Bartenev se met en quête de ses deux frères qu'il n'a pas revus depuis la guerre, mais, quand il les retrouve, le contact s'avère décevant et stérile : l'un est un architecte qui se gargarise de sa réussite sociale, l'autre un condamné de droit commun muré dans sa rancœur.

Le fil conducteur des Orphelins semble être un tango nostalgique, joué au début du film par un vieux "patefon" que la bande d'enfants sans abri essaie d'échanger contre du pain, et qui est repris comme un leitmotiv tout au long du film. Signalons aussi deux séquences, assez étranges, où les jeunes pensionnaires, par l'entrebaillement d'une clôture, épient un camp de prisonniers de guerre allemands, qui jouxte l'orphelinat.

 

Orientations bibliographiques : Marcel MARTIN, Le cinéma soviétique de Khrouchtchev à Gorbatchev, P, L'Age d'Homme, 1993, 223 p.  (p. 95-96) ; Dorena CAROLI, "Socialisme et protection sociale : une tautologie ? L'enfance abandonnée en URSS (1917-1931)", Annales HSS, novembre-décembre 1999, 6, p. 1291-1316 ; id., L'enfance abandonnée et délinquante dans la Russie soviétique 1917-1937, P, L’Harmattan, 2004, 366 p. ;

Notice créée le 15 Décembre 2011. Dernière modification le 16 Décembre 2011.

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