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Zvenigora
(Звенигора)

Film de fiction, U.R.S.S. (Ukraine), 1927, de Alexandre Dovjenko, en noir et blanc, muet (sonorisé).

Production : VUFKU (Ukraine), U.R.S.S. (Ukraine), 1927

Durée : 68 minutes.

Version originale : russe

Sous-titres : anglais, français

Résumé :

Version originale (muet) réalisée en 1927, restaurée  et sonorisée en 1973 (musique : Viatcheslav Ovtchinnikov).

Extrait de :  Marcel OMS, "Alexandre Dovjenko", Premier Plan, avril 1968, 130 p. (p. 14-26) : 

"Le film se présente comme une sorte de panorama historique de l'Ukraine. Soucieux de montrer que l'édification socialiste en est l'épanouissement, Dovjenko a entremêlé joyeusement les fils de son intrigue. Un grand-père chenu à la barbe patriarcale, dépositaire de tout un passé de légendes et de mythes est à la recherche d'un trésor caché dans la terre d'Ukraine. Ce vieil homme jalonne un prologue où défllent en ralentis, surimpressions ou montages classiques, tous les envahisseurs des siècles passés.

Le grand-père raconte à ses petits-fils, Pavlo et Timosh, qu'une montagne porte en ses flancs le trésor fabuleux que cherchèrent en vain les conquérants successifs ; que lui-même chercha dans les profondeurs obscures où la lanterne sourde ne suffisait pas.

Vient la guerre. Vient la Révolution. Viennent les mutineries et le refus de tuer. Le bolchevik Timosh, sur le front, va être fusillé. Il regarde jusqu'au fond des yeux ses bourreaux et les fusils s'abaissent. Il tire alors une cigarette qu'insolamment il fume...

Pavlo, au contraire hanté par le trésor, ayant laissé passer l'occasion, doit s'exiler et devient un aventurier dont les bourgeois occidentaux vont exploiter la détresse. Au cours d'une soirée fastueuse – et payante – Pavlo invite le Tout-Paris à  venir assister à son suicide public... Mais Pavlo s'enfuit avec la recette. Etait-ce là le 'trésor' promis ?

Avec cette somme, Pavlo est revenu en Ukraine faire du sabotage contre-révolutionnaire. Il pousse son grand-père à faire dérailler le train dans lequel Timosh revient au pays... Mais l'attentat échoue et Pavlo se suicide enfin tandis que le vieux se retrouve dans le train auprès de son autre petit-fils avec qui il construira l'Ukraine socialiste. Car c'était là le trésor annoncé à travers les âges...

Sans souci de vraisemblance, Dovjenko fonce à travers la forêt inextricable du patrimoine, à travers les terres ardentes du présent vers les promesses désertes du futur, s'adonnant à l'allégorie. Mais ces allégories sont en même temps des thèmes, des personnages, des héros connus du spectateur ukrainien. C'est pourquoi le grand-père peut être donné comme éternel. Il est l'âme du pays qu'il interprète à son propre compte à travers les différentes légendes et les divers moments historiques qu'il évoque : c'estlui qui a subi l'invasion des Varègues tout autant qu'il a été général... Quelque peu chauvin et aveugle, il est le passé. 

Les autres symboles sont tout aussi faciles à interpréter. Pavlo, c'est l'émigré, le Russe blanc, des 'malheurs' duquel se repaît la bourgeoisie mondaine parisienne toute prête à payer pour assister à son holocauste.

Timosh c'est l'Ukraine nouvelle-née des luttes du peuple dans la guerre et dans les combats de la Révolution.

Le train c'est le symbole du progrès, comme l'a souligné Eisenstein. Le vieil homme et le Komsomol, l'Ukraine éternelle et celle de demain, y prennent ensemble le thé de la réconciliation nationale.

Les simplifications allégoriques ducontenu enrichies par la prolifération des images jettent les bases d'une thématique : la construction du socialisme vue à travers le conflit de l'ancien et du nouveau.

Zvenigora, c'est un peu Aelita inversé : Le passé y joue le rôle de l'anticipation futuriste, pour exalter le présent à vivre. C'est filmé et monté dans l'esprit des narrations populaires avec des parenthèses, des ruptures de ton, des brisures dans la chronologie, des évocations pour initiés.

Les images expriment une sorte de joie extasiée devant les possibilités d'un art nouveau ; dont la nouveauté va s'identifier chez Dovjenko avec le socialisme [...]".

 

 

 

 

 

Orientations bibliographiques : Aleksandr DOVŽENKO, Sobranie sočinenij v 4 t., M, Iskusstvo, 1966-1969 ; L. et J. SCHNITZER, Dovjenko, Classiques du cinéma, n° 24, Ed. Universitaire, 1966 ; Marcel OMS, "Alexandre Dovjenko", Premier Plan, avril 1968, 130 p. ; Barthélémy AMENGUAL, Dovjenko, Paris, Seghers, “Cinéma d'aujourd'hui", 1970 ; Jay LEYDA, Kino. Histoire du cinéma russe et soviétique, Lausanne, L'Age d'Homme, 1976, 533 p. [éd. originale anglaise : 1960] ; François ALBERA (dir), “Dossier Dovjenko", Positif, juillet-août 2000, p. 128-143 ; George O. LIBER, Aleksandr Dovzhenko : a Life in Soviet Film, Londres, British Fillm Institute, 2002 ;

Notice créée le 1 Décembre 2011. Dernière modification le 2 Décembre 2011.

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