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Arsenal — "L'Insurrection de janvier 1918 à Kiev"
(АРСЕНАЛ — "Январское восстание в Киеве в 1918 году")

Film de fiction, U.R.S.S. (Ukraine), 1928, de Alexandre Dovjenko, en noir et blanc, muet (sonorisé).

Production : VUFKU, U.R.S.S. (Ukraine), 1928

Durée : 63 minutes.

Version originale : russe

Sous-titres : anglais, français

Résumé :

Le film de 1928 a été restauré (décors : I. Chpinel et V. Müller) et sonorisé (musique : Viatcheslav Ovtchinikov) en 1972.   

Extrait de :  Marcel OMS, "Alexandre Dovjenko", Premier Plan, avril 1968, 130 p. (p. 26-30) :

[Evoquant le film précédent de Dovjenko, Zvenigora, 1927 :]  "Dovjenko reste conscient des imperfections de son premier film sérieux : 'Zvenigora, par son manque d'harmonie stylistique me contraignit à mesurer mes aptitudes à la création indépendante qui me rendrait responsable du film dans son ensemble, du scénario à la pellicule impressionnée.

Mon film suivant, Arsenal, me donna cette occasion. J'écrivis le scénario en quinze jours, fis la mise en scène et le montage en six mois... Arsenal est un film politique. Je m'y suis fixé deux objectifs : démasquer le nationalisme et le chauvinisme réactionnaire ukrainien, et me faire le chantre de la classe ouvrière ukrainienne qui a accompli la révolution sociale. A l'époque cependant, je manquais de la connaissance théorique suffisante pour intégrer l'un dans l'autre les éléments d'un thème aussi important. En ce qui me concerne n'entrait en jeu aucune question de style ou de forme' (Autobiographie). [...]

Le noyau sérieux d'Arsenal est constitué par la chronique de l'insurrection de l'arsenal de Kiev, en janvier 1918 : point culminant du film et aboutissement de plusieurs thèmes individuels. 

Le film s'ouvre sur un prologue décrivant la grande misère du peuple d'Ukraine pendant la guerre, les révoltes et les colères stériles dirigées contre des boucs-émissaires innocents tandis que le tsar s'abandonne à des préoccupations frivoles. 

Dans ce panorama des conséquences de la guerre défilent des tableaux qui se complètent et se répondent : les champs ne produisent plus que  de maigres épis, les hommes et les bêtes souffrent de la même fain ; des enfants pleurent ; une mère perd ses trois fils au front. Puis c'est la démobilisation. Un train  ramenant les soldats déraille. Parmi les rescapés un jeune paysan, Timosh, qui décide de se faire ouvrier et d'aller travailler à l'arsenal de Kiev.

Enfin c'est la grève, décrite avec un sens puissant du 'suspense' dramatique. Barricadés dans la forteresse, coupés du reste du monde, ne pouvant même plus être ravitaillés, les ouvriers tiennent jusqu'à la répression. Celle-ci est brutale, impitoyable, atroce. Les hommes tombent l'un après l'autre comme des mouches sous la mitraille des forces de l'ordre réactionnaire qui accomplissent la triste et lâche besogne que la guerre n'avait pu achever. Mais du cadavre de Timosh se lève soudain son double, son âme qui est l'âme de la révolte. Implacable Timosh s'avance, devient géant, devient invulnérable, il s'avance vers l'officier qui dirige le massacre, le désarme et le tue, accomplissant symboliquement le geste justicier qui incombe aux survivants, le geste de la vengeance qui appartient aux témoins.

'Arsenal n'est pas une histoire, c'est un poème', devait déclarer Dovjenko à propos de son film. Constatons pourtant que [...] le film devient plus explicatif, obéit davantage à des nécessités militantes : 'La tâche était politique au premier chef, une tâche de parti'. [...] C'est ainsi qu'Arsenal semble s'inscrire dans le 'style soviétique' marqué par une conception didactique du montage dans le récit épique. [...] Bela Balasz, par exemple, a relevé à propos de la séquence qui précède le soulèvement de l'arsenal, la mise en pratique par Dovjenko des principes et ses leçons de Kulechov et d'Eisenstein".

Orientations bibliographiques : Aleksandr DOVŽENKO, Sobranie sočinenij v 4 t., M, Iskusstvo, 1966-1969 ; L. et J. SCHNITZER, Dovjenko, Classiques du cinéma, n° 24, Ed. Universitaire, 1966 ; Marcel OMS, "Alexandre Dovjenko", Premier Plan, avril 1968, 130 p. ; Barthélémy AMENGUAL, Dovjenko, Paris, Seghers, “Cinéma d'aujourd'hui", 1970 ; Jay LEYDA, Kino. Histoire du cinéma russe et soviétique, Lausanne, L'Age d'Homme, 1976, 533 p. [éd. originale anglaise : 1960] ; François ALBERA (dir), “Dossier Dovjenko", Positif, juillet-août 2000, p. 128-143 ; Lubomir HOSEJKO, Histoire du cinéma ukrainien, Die, Éd. A DIE, 2001, 445 p. ; George O. LIBER, Aleksandr Dovzhenko : a Life in Soviet Film, Londres, British Fillm Institute, 2002 ;

Notice créée le 30 Novembre 2011. Dernière modification le 1 Décembre 2011.

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