Film documentaire, France, de Nicolaï Golovikhine, en couleur/noir et blanc, sonore.
Production : CATHARSIS , France
Durée : 52 minutes.
Version originale : français, russe
Documentaire en deux parties. La première porte sur l'"Exposition des bulldozers" : à Moscou, le 15 septembre 1974, un groupe d'artistes indépendants, sous l'impulsion du peintre Oscar Rabine, leader de l'avant-garde russe non officielle, et du collectionneur Alexandre Glezer, organisent une exposition de leurs œuvres en plein air, dans un terrain vague du parc de Belyaevo, près de Moscou. Cette exposition (de peinture) sera écrasée au bulldozer sur ordre des autorités du Soviet de Moscou, avec l'intervention des agents du KGB et de la milice en civil, et en présence de diplomates et de journalistes étrangers familiers du monde de l'art underground.
Genèse du mouvement : Oscar Rabine est le chef de file de l'école non conformiste dans l'URSS des années 1960-1970. Né en 1928 à Moscou, il étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Riga puis à l'Institut Sourikov à Moscou. Il devient à cette époque le leader du "groupe de Liazonovo", formé de poètes et d'artistes, qui avait été constitué au début des années 1950 par Evgueni Kropivnitski. Rabine reçoit les artistes dans la maison de Liazonovo où il vit avec son épouse, Valentina Kropivnitskaïa, peintre également. Interview [sur Rabine] de René Guerra, collectionneur d'art russe. Riche collection de photos personnelles de Rabine montrant les différents artistes. Interview d'Alexandre Glezer, qui émigrera à Paris en 1975 et créera le musée d'art contemporain russe non officiel à Montgeron près de Paris. Le fonds de ce musée sera ensuite été transféré aux Etats-Unis.
Peintres qui ont fait partie de cette "Exposition des Bulldozers" : Erik Boulatov (fondateur du "conceptualisme moscovite") – [interview dans laquelle Boulatov insiste sur la prise de risque par Oscar Rabine en 1974] – ; Valentin Vorobiev, Evgueni Roukhine, Vladimir Nemoukhine, Lidiya Masterkova, Nadiejda Elskaïa,Youri Jarkikh, Alexandre Rabine, Boris Steinberg, Alexandre Melamid, Vitaly Komar, Vassili Sitnikov, Oleg Tselkov. Cinq personnes seront jugées. [Interview du photographe non conformiste Valentin Samarine, sur cette exposition, ainsi que de l'écrivain Nikolaï Bokov ; du photographe Vladimir Sytchëv qui a quitté l'URSS avec ses archives photographiques au début des années 1980 ; de l'artiste Vitali Statsinski]. Les autorités finissent par donner l'autorisation d'organiser une deuxième exposition qui se tiendra dans le pard d' Izmaïlovo à Moscou fin septembre 1974.
La deuxième partie du film (qui porte sur la période où Rabine vit à Paris, depuis 1978) s'ouvre sur l'Expositon "Sots-Art" qui a lieu à Paris en 2007 (Fondation Maison Rouge). En 1978, lors d'un voyage d'Oscar Rabine en France, celui-ci a été déchu de la citoyennté soviétique sur décision du Soviet Suprême. Il s'est donc retrouvé émigré involontaire ainsi que Valentina Kropivnitskaïa et leur fils. Mais en janvier 2006, ils reçoivent de nouveaux passeports russes. En mars de la même année, Rabine reçoit le Prix d'Etat (russe) de l'Innovation. Mais il continuera à vivre à Paris.
L'intérêt du film réside principalement dans la première section qui porte sur la période soviétique, et notamment dans les archives privées (photographies / Fonds : Oscar Rabine, Valentina Kropivnitskaïa, Vladimir Sytchëv, Nicolaï Golovikhine). On aurait aimé en apprendre davantage sur l'ensemble de ce courant non officiel des années 1960-1970, et aussi sur ce que sont devenus les autres peintres de l'Exposition des Bulldozers, en particulier ceux qui sont restés dans l'ombre.
[On notera que l'Iconothèque russe et soviétique a pu photographier (diapositives) l'ensemble du fonds du musée de Montgeron grâce à la gracieuse autorisation d'Alexandre Glezer].
Notice créée le 4 Novembre 2011. Dernière modification le 3 Mai 2017.