Film documentaire, Russie, 1992, de Andreï Golovnev, Alexandre Aristov, en couleur, sonore.
Production : STUDIO DU BUREAU ETHNOGRAPHIQUE (EKATERINBOURG), Russie, 1992
Durée : 25 minutes.
Version originale : russe
Sous-titres : français
Le peuple nenets appartient au groupe Samoyède du grand Nord de la Russie. C’est le peuple plus important du grand nord de la Sibérie. Actuellement composée de 35 000 individus, sa population est en constante progression. Une partie des Nenets habite dans la péninsule de Yamal, en bordure de la mer de Kara, au nord des monts Oural, au nord-ouest de la Sibérie. Leur mode de vie nomade est fondé sur les migrations saisonnières (du nord au sud de la péninsule de Yamal) des troupeaux de rennes. Ils vivent également de la pêche. Pendant des décennies de gouvernement soviétique, les Nenets ont résisté aux tentatives du pouvoir central de les sédentariser de force. La péninsule de Yamal est ainsi l'un des rares endroits où un peuple nomade a pu conserver sa culture traditionnelle. Les Nenets boivent le sang du renne, honorent les dieux et parlent nenets. Ils vivent dans l’espace illimité de la toundra, dorment dans la tchoum, tente en peaux de rennes, et portent la malitsa et la iagushka, vêtements masculins et féminins en peaux de rennes. La force du peuple nenets est d’avoir su conserver son identité, son mode de vie nomade, ses croyances et ses traditions, sans pour autant avoir tourné le dos à la modernité. Il a ainsi su résister à l’exploitation de son territoire pour ses gisements de gaz et de pétrole. Les Nenets sont aujourd’hui officiellement reconnus comme un peuple autonome du nord de la Sibérie.
Andreï Golovnev, anthropologue attaché à l'Institut d'Histoire et d'Archéologie d'Ekaterinbourg, fondateur et directeur du "Bureau ethnographique" (Ekaterinburg ), a dirigé de nombreuses expéditions anthropologiques et archéologiques dans le Grand Nord sibérien. Ses travaux sont consacrés à l’étude du peuple nenets. L' ouvrage de référence sur le sujet, Siberian Survival. The Nenets and their Story (voir ci-dessous), que A. Golovnev a rédigé en collaboration avec la juriste Gail Osherenko (1999), s’appuie sur trois enquêtes de terrain réalisées durant les étés 1992, 1993 et 1994, et autant d’années de recherches, qui visaient à faire le bilan des changements institutionnels, sociaux et culturels intervenus au sein de cette communauté indigène de Russie durant les années de glasnost. A. Golovnev a également réalisé de nombreux films ethnographiques.
Le film Les dieux de Yamal décrit de manière exhaustive les coutumes et les croyances des Nenets de la toundra, auxquelles il est intégralement consacré – y compris les rituels chamaniques.
..." Sacrifier un renne ce n'est pas commettre un meurtre.
C'est utile aux hommes et c'est utile aux dieux, qui reçoivent le sang du renne dans le monde des esprits. C'est la destinée du renne. Le renne tué est l'invité d'honneur dans la tchoum [la tente].
On raconte que celui qui est dégoûté par la viande et le sang chaud du renne est voué à geler dans la toundra.
Les gens qui goûtent le sang deviennent proches. Les ennemis ne s'assoient jamais côte à côte, quand on partage le renne.
La tchoum est couverte à l'extérieur comme à l'intérieur de peaux de rennes. À l'intérieur, vivent des gens qui mangent de la viande de renne. Leurs enfants jouent aux rennes. Ils se lancent des tenziangs, petits lassos, et s'amusent à se tirer dans de petits traîneaux.
Et les hommes jouent aux rennes Ils se mêlent au troupeau, habillés avec des peaux de rennes. On dirait qu'ils veulent leur ressembler, se comporter comme eux.
Dans les légendes et dans la réalité, l'homme passe une bonne moitié de sa vie sur le traîneau. Le traîneau garde ses affaires, transporte son habitation. Le traîneau a sa propre place au campement. Le traîneau de la femme ne doit pas se trouver à la place du traîneau de l'homme, le traîneau impur à la place du traîneau sacré. Si le traîneau est tourné vers l'est, son maître est vivant, vers l'ouest, il est mort.
Hae Hae Han, le traîneau sacré, qui garde les esprits protecteurs, est placé en face de l'entrée de la tchoum.
Hae Hae Han protège la tchoum et la famille.
Chaque membre de la famille a son esprit protecteur et, pendant le rituel, il est particulièrement attentif à son propre esprit.
Il y a aussi les tadepsi , les esprits auxiliaires d'anciens chaman
et les siadei, les esprits serviteurs. L'homme s'adresse au siadei exactement comme à un serviteur. Il est chargé de préserver le troupeau de rennes des loups, de favoriser le commerce,s'il ne remplit pas sa fonction, on peut le fouetter.
Pendant le rituel, on offre aux esprits du sang et de la graisse, maintenant on leur donne aussi un peu de vodka. Le repas fait le tour des dieux et des gens et les réunit. Les esprits ne parlent que lorsqu'on s'adresse personnellement à eux.
- Maître du bout de la Montagne, où es-tu ?
- Je m'apprête à venir, je m'arrêterai devant le nez du traîneau sacré.
- Le Vieux de l'île Blanche, où es-tu ?
Le son du métal, qu'il vienne de la cloche ou du pendentif du tambour du shaman, est capable d'appeler les esprits sur terre, s'il annonce quelque chose d'important. Le langage des cloches réunit le langage des hommes et des dieux.
De tous les sanctuaires de Yamal, le plus éloigné et le plus connu est Yare Salé, avec ses sept tchoums faites de crânes de rennes et d'ours, c'est là que vivent les plus grands dieux des Nenets.Tout homme a pour devoir de s'y rendre au moins une fois dans sa vie. Dans chacun de ces crânes, il y a une âme, c'est-à-dire la destinée.
L'âme qui rejoindra l'esprit qui donne la vie et les rennes,
Ili- Benbartia. "
[Sous-titres : Hélène Fara].
[L'Institut pédagogique de Tobolsk et la chaîne de télévision "Skola" possèdent également les droits sur ce film].
Notice créée le 4 Octobre 2011. Dernière modification le 4 Juillet 2012.