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Portés disparus — Ces soldats abandonnés à l'ennemi
(Kriegsbeute Mensch — Wie Regierungen ihre Soldaten verraten)

Film documentaire, Allemagne, 2007, de Dirk Pohlmann, en couleur/noir et blanc, sonore.

Réalisation : Dirk Pohlmann Scénario : Dirk Pohlmann Musique : Georg Reichelt Image : Ulrich Leufen, Avny Manes Montage : Stefan Heintzenberg

Production : ZDF, Allemagne, 2007

Durée : 90 minutes.

Version originale : français

Résumé :

Film réalisé par Dirk Pohlmann avec la collaboration d'Inna Ganschow.

Résumé : Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs centaines de milliers de prisonniers de guerre allemands, français, néerlandais, belges, polonais, anglais et ressortissants d'autres pays ont disparu en Union soviétique. Nombre d'entre eux étaient pourtant citoyens de pays alliés de Staline. A l'origine, ils avaient été faits prisonniers ou condamnés aux travaux forcés par le régime nazi. Puis, lors de l'avancée soviétique, ils passèrent d'une captivité à une autre.

Documentaire essentiellement à charge contre le gouvernement américain qui n'aurait pas respecté ce principe pourtant intangible outre-Atlantique concernant les prisonniers de guerre : "Nobody is left behind". Soit une reconsitution de toutes les guerres du XXe siècle, au cours desquelles des soldats américains prisonniers ont été abandonnés à l'ennemi, sans que leurs familles en aient jamais été informées.

Le film s'ouvre par le dossier le plus récent, et le plus brûlant, qui concerne la guerre du Vietnam. En 1993, Boris Eltsine autorise certains historiens étrangers à consulter les archives du Comité Central, tenues secrètes jusque-là. Stephen Morris (historien à Harvard, spécialiste de la guerre du Vietnam) découvre, dans les archives des Services Secrets soviétiques [GRU] sur la guerre du Vietnam, que ce ne sont pas 368 prisonniers américains qui ont été laissés au Vietnam, ainsi que les Soviétiques l'ont déclaré lors des Accords de Paris en 1973,  mais 1205 prisonniers.

Suit un flash back sur toutes les guerres du XXe siècle : Evocation de l'intervention des Alliés contre la nouvelle Russie bolchevique lors de la guerre civile, jusqu'en 1919. Opération dirigée par Winston Churchill, alors ministre de la Guerre britannique. Au cours des combats, les bolcheviks font des prisonniers américains, anglais et français. Les bolcheviks essayant d'utiliser ces prisonniers comme otages pour faire pression sur le gouvernement américain afin que celui-ci reconnaisse le gouvernement soviétique, les 60 prisonniers américains sont déclarés morts par le gouvernement US. Franklin Roosevelt reconnaîtra l'Union soviétique en 1933, voulant créer un contrepoids en Europe à l'ascension de l'Allemagne et du Japon. Dès lors, la question des prisonniers de guerre devient encore plus encombrante avec ce nouvel allié et est donc totalement occultée. Seconde guerre mondiale : à la Conférence de Yalta, en février 1945, les futurs vainqueurs discutent du partage de l'Allemagne et évoquent entre eux la question de la restitution des prisonniers de guerre. Mais même quand les armées soviétiques, américaine  et britannique se rencontreront sur les bords de l'Elbe, aucun prisonnier n'est libéré. L'URSS tient à les faire transiter par le port d'Odessa pour les rapatrier chez eux. Mais sur les 5 000 prisonniers américains (en Pologne), seulement 2 000 seront rapatriés depuis Odessa. Un nombre comparable de Français et de Britanniques seront également déportés par les Soviétiques, tous vers l'Est, avec les prisonniers de guerre allemands. On estime à 24 000 le nombre d'otages américains et britanniques qui ont été exilés en Sibérie dans des camps de travail forcé.  Long témoignage de John Noble, Américain vivant en Allemagne, qui a passé la guerre à Dresde et est arrêté en 1945. Déporté à Buchenwald puis en Sibérie, il finira par être libéré en 1955, contrairement aux autres prisonniers américiains. A son retour, Noble s'efforce de contrer le mensonge d'Etat américain sur les prisonniers de guerre. Les archives du CICR, ou Croix Rouge Internationale, à Genève, demeurent classifiées. Les principales revendications de Staline, dans son chantage avec les Alliés, après la guerre, étaient la reconnaissance du gouvernement communiste de Lublin, l'octroi de milliards de dollars pour la reconstruction de l'URSS et la restitution de tous les Russes se trouvant en territoire allié, y compris ceux qui avaient fui la révolution bolchevique. Exemple de la trahison des Alliés à l'égard des prisionniers de guerre : à Lienz, en Autriche, 20 000 Cosaques sont ainsi rendus en 1945 par les Britanniques aux Soviétiques qui les déporteront ("massacre de Lienz": un grand nombre de ces Cosaques tentent de se suicider en réalisant le sort qui les attend). A la conférence de Potsdam (juillet-août 1945), le problème des prisonniers de guerre est formellement éludé, le gouvernement américain souhaitant que l'URSS fasse partie de l'Organisation des Nations Unies.

Vient ensuite l'évocation de la guerre de Corée (1950), et enfin la guerre du Vietnam (1959-1975), toujours en lien avec la question des prisonniers de guerre américains abandonnés à l'ennemi.

 

Orientations bibliographiques :

Notice créée le 12 Septembre 2011. Dernière modification le 13 Septembre 2011.

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