Film documentaire, Allemagne, de Heike-Daniela Güldenpfennig, en couleur, sonore.
Production : Allemagne
Durée : 17 minutes.
Version originale : allemand
Doublage : français
Dans son film Requiem pour un massacre (1985), Elem Klimov a témoigné de la guerre d'extermination qu'a connue la Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale : plus de 600 villages biélorusses détruits par les Allemands, et leurs habitants tués, brûlés ou déportés.
Scénario du film : L’action se déroule en 1943 dans le village de Khatyn en Biélorussie. Après avoir déniché un fusil, un adolescent d’une quinzaine d’années, Fliora, décide de participer lui aussi à la guerre. Il quitte son village, laissant sa mère et ses deux petites sœurs pour rejoindre un détachement de partisans dans la forêt. Il y rencontre Glacha, une jeune fille qui vient d'être violée. Une complicité naît entre eux pour faire face à l'horreur de la guerre. Quand il revient quelque temps plus tard au village avec les partisans, celui-ci n’est plus qu’un champ de ruines brûlé par les nazis. Tous les habitants ont été exterminés. La caméra balaie furtivement des tas de corps nus, sans vie, empilés à l’extrémité du bourg, derrière des isbas. Le film bascule brutalement dans l’horreur. Cette impression est démultipliée par la noirceur du paysage, la masse lugubre et visqueuse des marais dans lesquels s’embourbent les partisans, par ce que Klimov appelle « l’esthétique de la boue ». Le visage déformé, ridé, par l’apocalypse à laquelle il assiste, le jeune héros fixe la caméra de manière récurrente, comme pour prendre à témoin le spectateur de la barbarie de la guerre. Grisée par l'abominable, la caméra déforme les visages jusqu'à les déshumaniser. A la fin du film, le héros a le faciès d’un vieillard.
La scène paroxystique consiste en un Oradour biélorusse : les Allemands enferment dans une grange tous les habitants d’un village, puis y mettent le feu. Les cris qui viennent de la fournaise sont partiellement couverts par les chants et la soûlerie des nazis. Une mère tente de s’échapper avec son enfant. Le petit est rejeté dans les flammes, tandis que la jeune femme est emmenée par les soldats, puis violée dans une orgie sanguinaire. Le film atteint avec l’ensemble de cette scène une dimension épique d’une puissance exceptionnelle.
Certains critiques ont reproché à Klimov l’impression d’horreur insoutenable qui se dégage du film, estimant qu’un tel degré de barbarie ne relevait plus du cinéma. Le réalisateur s’en est expliqué, dévoilant son rapport personnel de citoyen à l’atrocité de cette guerre, dont il sentait viscéralement qu’il devait témoigner et qu’il cherchait à exorciser, évoquant donc un devoir de mémoire. D'où découle le titre russe du film : "Va et regarde".
Ce documentaire relate les souvenirs de tournage du jeune acteur non professionnel, Alexeï Kravtchenko, 14 ans à l'époque, qui a interprété le rôle de Fliora.Interview du réalisateur Elem Klimov
Notice créée le 8 Septembre 2011. Dernière modification le 8 Septembre 2011.