iconothèque Retour au site de l'EHESS Site du CNRS Site du CERCEC

Comment des soldats ordinaires devinrent des assassins — Trois années d'occupation allemande en Biélorussie
(Als Soldaten Mörder wurden — Drei Jahre deutscher Hersschaft in Weissrussland)

Film documentaire, Allemagne, 1997, de Gerhard Thiel, Hannes Heer, en couleur/noir et blanc, sonore.

Production : ZDF, Allemagne, 1997

Durée : 89 minutes.

Version originale : allemand

Doublage : français

Résumé :

Documentaire sur les exactions de la Wehrmacht en Biélorussie pendant la Seconde Guerre mondiale. Alternance d'images d'archives, sur fond de commentaire historique, et de témoignages d'anciens soldats de la Wehrmacht. La Biélorussie connaîtra pendant la guerre trois années d'occupation allemande, perdant 2 millions de morts, soit 20 % de sa population.

22 juin 1941 : invasion de l'URSS par l'armée allemande dans le cadre du plan Barbarossa. Minsk est prise par la Wehrmacht à la fin du mois de juin 1941. Les juifs représentent plus de la moitié de la population de la capitale biélorusse. Mise en place du ghetto de Minsk le 19 juillet 1941. Long développement sur l'extermination systématique des juifs (témoignage d'un survivant du ghetto, Heinz Rosenberg). 7 500  juifs allemands sont déportés au ghetto de Minsk : entre le 7 et le 11 novembre 1941, plus de 6 000 juifs russes seront exterminés dans les environs de Minsk pour leur "faire de la place". A la fin de juillet 1942, près de 3 000 juifs sont exécutés en trois jours. Description des conditions d'extermination des juifs. Evocation du procès de criminels de guerre allemands (issus de la S.S., du Service de la Sécurité, de la police et de la Wehrmacht) par un tribunal militaire soviétique qui s'est tenu à Minsk en 1946 (les déclarations des accusés jugés dans le cadre de ce procès constituent une des sources du film). A la fin de 1941, plus de 20 000 juifs ont déjà été éliminés (dans les campagnes de Biélorussie, en dehors du ghetto de Minsk) dans le cadre d'opérations de "nettoyage" . Evocation extrêmement précise, en particulier, de l'extermination  en une seule journée du millier de juifs que comportait la ville de Krupka, tous sans exception, avec femmes et enfants, les soldats de la Wehrmacht assurant l'encadrement et les SS l'exécution : les juifs sont emmenés hors de la ville dans une zone de marais, placés dix par dix au bord d'une grande fosse, exécutés d'une balle dans la nuque, les corps basculant ensuite dans la fosse. Evocation précise également de l'extermination du ghetto d'Orscha (1 975 juifs exécutés en une seule journée). Entre septembre 1941 et septembre 1942, on estime à 80 000 le nombre des victimes juives.

Une autre partie du film est consacrée au traitement infligé aux prisonniers de guerre soviétiques par les nazis. Sur 5,7 millions d'entre eux, 3,3 millions sont morts de faim, de froid ou exécutés, dont un nombre considérable en Biélorussie. Camp de Drozdy constitué fin juillet 1941 ; Stalag 352 près de Minsk ; camp de Babrouisk (18 000 prisonniers) : pour ce dernier, description de l'incendie allumé délibérément par les autorités allemandes pour décimer les prisonniers (ceux qui ne mouraient pas brûlés, étaient abattus par balles en tentant de s'échapper : 4000 morts en novembre 1941).

Une troisième partie est consacrée au combat des partisans  : tout franc tireur (civils armés, "agitateurs", "incendiaires",  distributeurs de tracts) était abattu immédiatement. Il y eut dès la première année d'occupation de la Biélorussie 80 000 "partisans" tués, alors que le mouvement partisan  n'y était pas encore réellement constitué.  Il s'organisa au printemps 1942. Représailles allemandes sur les civils (100 otages civils exécutés suite à l'explosion de la gare de Slavnoe provoquée par les partisans). Evocation du village de Kozoulitchi où 318 habitants ont été réunis dans une grange et brûlés vifs.

Enfin, évocation de l'exécution des juifs jugés "aptes au travail" et déportés de Gorodok pour travailler pour la Wehrmacht (travail forcé).

Certains témoins allemands interviewés dans le film (ayant, encore une fois, participé à la guerre en Biélorussie)  insistent sur la participation effective de la Wehrmacht et de la police (pas seulement  celle des SS, par conséquent) aux opérations d'extermination des juifs ainsi qu'à celles menées contre les partisans ; ces mêmes témoins insistent également sur le  fait que les autorités allemandes auraient laissé délibérément mourir de faim ou de froid les prisonniers de guerre soviétiques. Leur conclusion est que tous (les soldats allemands) étaient implictement complices mais proposent le terme d' "implication" plutôt que celui de "culpabilité". D'autres témoins arguent, à l'inverse,  qu'ils "n'avaient pas le choix". Ce film s'inscrit d'une certaine façon dans la "querelle des historiens" (ou Historikerstreit) qui a marqué l'historiographie ouest-allemande à la fin des années 1980.

Orientations bibliographiques : Ben SHEPHERD, War in the Wild East. The German Army and Soviet Partisans, Cambridge, MA : Harvard UP, 2004, 300 p. ; Christian Ingrao, Les chasseurs noirs. La brigade Dirlewanger, P : Perrin, 2006, 292 p. ; Alexandra GOUJON, "La mémoire des villages brûlés pendant la Seconde Guerre mondiale : l'exemple de Khatyn en Biélorussie", in David El Kenz, François-Xavier Nérard éds, Commémorer les victimes en Europe, P, Champ Vallon, coll. "Epoques", 2011, p. 77-90 ; Timothy SNYDER, Terres de sang. L'Europe entre Hitler et Staline, P, Gallimard, "Bibliothèque des Histoires", 2012, 720 p. ; "L'Union soviétique et la Seconde Guerre mondiale", Cahiers du Monde russe, 52/2-3, avril-septembre 2011 ;

Notice créée le 6 Septembre 2011. Dernière modification le 5 Octobre 2012.

© 1985-2008 EHESS, CERCEC, CNRS — Réalisation : CERCAccès réservé