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Tocsin de Tchernobyl (Le)
(КОЛОКОЛ ЧЕРНОБЫЛЯ)

Film documentaire, U.R.S.S., 1987, de Rollan Serguienko, en couleur/noir et blanc, sonore.

Production : STUDIO CENTRAL DE FILMS DOCUMENTAIRES, MOSCOU, U.R.S.S., 1987

Durée : 87 minutes.

Version originale : russe

Sous-titres : français

Résumé :

Documentaire réalisé par le Studio de documentaires de Moscou et tourné à Tchernobyl en deux fois, entre le 28 mai et le 26 juin 1986, ainsi qu'au début de septembre de la même année. Il s'agit donc d'un film fait dans l'urgence, l'explosion de la centrale nucléaire ayant eu lieu le 25 avril. Un film un peu brouillon, sans plan directeur, mais exceptionnel en tant que témoignage à chaud. L'objectif annoncé n'était d'ailleurs pas "de donner un tableau exhaustif de ce qui s'est passé à Tchernobyl, mais d'enregistrer les témoignages de ceux qui ont été plongés dans cette tragédie". D'où un commentaire souvent formulé sur un mode mélodramatique, voire moralisateur vers la fin ("marqueur" , d'une manière générale, des  documentaires réalisés pendant la perestroïka), mais aussi avec une forme d'empathie, destinée, semble-t-il, à apporter un réconfort à l'ensemble de la population soviétique soudée par le drame : "Personne ne se souvient d'un tel malheur, sauf la guerre" – témoigne un vieil homme. Cette évocation de la guerre comme référent absolu  revient à de nombreuses reprises. L'élan de solidarité des Soviétiques à l'égard des sinistrés est bien montré. L'"envoi" du film est une phrase de Mikhaïl Gorbatchev, placée en exergue, appelant à éviter à tout prix une guerre nucléaire. 

Les témoignages se succèdent donc tout au long du  film. Une grande place y est faite aux aînés, paysans pour la plupart, qui ont été évacués de force et expriment leur nostalgie, une fois réfugiés dans des campements de toile, loin de leur khata. L'ensemble de ces témoignages est entrecoupé d'interviews de spécialistes, ainsi que de très nombreuses et longues séquences d'images d'archives (d'un intérêt exceptionnel) tournées  dans l'enceinte de la centrale elle-même et qui montrent le travail des "liquidateurs" littéralement en train de se faire. L'ensemble fournit une masse informationnelle unique, faisant de ce film une matrice irremplaçable sur la catastrophe de Tchernobyl. (Le générique ne fournit pas d'indication quant à la source des archives audiovisuelles utilisées).

[Exemples de témoignages et d'interviews :  le film s'ouvre sur le témoignage d'une Ukrainienne, Anna Khodymtchouk, dont le fils est mort dans la catastrophe, enseveli sous les débris du bloc n° 4 ; puis vient celui de V. Tchougounov (responsable de la salle des réacteurs n° 1 de la centrale) ; s'ensuit un reportage de plusieurs minutes, sans aucun son, sur la ville de Pripiat vidée de ses habitants ; vient ensuite un témoignage du  directeur technique adjoint de la centrale, I. Samoylenko,en train de mesurer la radioactivité de plusieurs emplacements de la centrale. Interview de V. Chevtchenko, docteur en  biologie, à propos des effets de la radioactivité, immédiats et pour les générations futures. Traitement de la zone avec une solution anti-radioactive. Selon Y. Sivintsev, docteur en physique et en mathématiques,  spécialiste de la sécurité des réacteurs,  l'accident résulterait d'un mauvais calcul scientifique. N. Primatchenko, secrétaire du comité de district du parti, doit  décider des secteurs qui seront décontaminés en  priorité (querelles de bureaucrates et bataille de chiffres pour mesurer la radioactivité entre "releveurs", "receveurs" et "contrôleurs"). Témoignage de deux frères pompiers qui ont été appelés en urgence sur le site de Tchernobyl et sont maintenant hospitalisés]etc.


 

 


 

 

 

Orientations bibliographiques : M.-H. Mandrillon (dir), " Environnement et politique en URSS ", Problèmes Politiques et Sociaux, Série URSS, n°621, 1989, P, Documentation Française, 64 p. ; "Voyage au pays de la mort nucléaire", numéro spécial de la revue Politis, 1992 ; Oleg YANITSKIJ, Russian environmentalism: leading figures, facts, opinions, M, 1993 (version anglaise) ; Douglas R. WEINER, A little corner of freedom: Russian nature protection from Stalin to Gorbatchev, Berkeley, U. of California Press, 1999, 556 p. ;Svetlana ALEXIEVITCH, La supplication. Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse, P, Jean-Claude Lattès, 1998, 267 p. (traduit du russe : Чернобыльская молитва, м, Остожие, 1997) ; Douglas R. WEINER, A little corner of freedom: Russian nature protection from Stalin to Gorbatchev, Berkeley, U. of California Press, 1999, 556 p. ; В. П. ВИЗГИН (рук.), История советского атомного проекта: документы, воспоминания, исследования, вып. 2, СП, Русский христианский гуманитарный Институт, 2002, 656 с. ; Guillaume GRANDAZZI, Frédéric LEMARCHAND (dir.), Les silences de Tchernobyl. L’avenir contaminé,
P, Autrement, coll. “Mutations” n° 230, 2004 ; Pierpaolo MITTICA (with additional texts by Naomi Rosenblum, Rosalie Bertel and Wladimir Tcherkoff), Chernobyl: The Hidden Legacy. Twenty years on and unmasking the fraudulent disinformation disseminated by the IAEA and WHO,Basingstoke, Macmillan, 2007, 240 p.

Notice créée le 26 Mai 2010. Dernière modification le 4 Juin 2010.

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