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Piégés par Staline

Film documentaire, France, 2003, de Nicolas Jallot, en couleur/noir et blanc, sonore.

Réalisation : Nicolas Jallot Scénario : Nicolas Jallot Image : Xavier Deleu Montage : Litsa Fassio

Production : Ampersand / France 5 /France 3 , France, 2003

Durée : 52 minutes.

Version originale : français

Résumé :

L'aura dont jouit l'Union soviétique dès le mois de mai 1945 pousse certains Français à envisager, face à la ruine économique de certains secteurs, une migration vers l'Est. Dans le même temps, un certain nombre de femmes ayant rencontré des soldtas soviétiques (prisonniers de guerre) engagés dans la Résistance française sont elles aussi prêtes à suivre leur compagnon sur la marche du retour.  Enfin, c'est l'émigration russe installée en France depuis la révolution bolchevique qui fournit le contingent le plus important de ces candidats au départ, ou plutôt au retour, d'où leur surnom de vozvraščency ou "Retournants". La Résistance joua là un rôle fédérateur dans ce rapprochement entre soldats soviétiques engagés contre le nazisme et émigrés soucieux de défendre leur patrie de cœur et leur patrie d'adoption (voir le témoignage de Irina Kotomkina).

Pour les émigrés russes, la décision du départ est en définitive liée à l'amnistie prononcée par Staline le 14 juin 1946 et qui redonne à tout citoyen déchu la citoyenneté perdue après 1917. Les hypothèses émises par N. Jallot quant aux motivations de Staline encourageant les émigrés à rentrer en URSS sont les suivantes : d'un point de vue économique, le vožd' aurait recherché de la main-d'œuvre pour combler la pénurie liée aux 20 M de victimes de la guerre et pour relancer l'économie. D'un point de vue politique, cette amnistie lui aurait permis de se débarrasser définitivement des anciens émigrés blancs, dans un immédiat après-guerre où recommençaient à poindre ses théories du complot.

Une première vague de départ a lieu en 1946-1947 et une deuxième après la mort de Staline en 1953. Le nombre exact de Retournants reste encore flou (il oscillerait entre 8 000 et 10 000). Ces Retournants  sont privés de leurs documents d'identité et déchus de leurs droits civiques dès leur arrivée en URSS. Une bonne partie d'entre eux sont expédiés au Goulag. Ceux qui y  échappent ont à endurer la relégation, le déplacement forcé vers l'Asie centrale ou la Sibérie. Le documentaire de Nicolas Jallot part à la rencontre des survivants dont la majorité vit encore aujourd'hui en Russie. Le documentariste a pu dresser une liste d'environ 72 Retournants dont 56 ont pu faire l'objet d'un entretien. Les interviewés offrent un éclairage assez fin sur les différentes motivations psychiques de leur départ en URSS (décision propre, ou celle des parents en fonction de l'âge, adaptation au régime après leur arrivée, ou rejet), sur le traitement qui leur fut réservé (évocation en particulier du cas des femmes qui se heurtèrent à des familles déjà constituées avant la guerre par leur mari soviétique rencontré en France),  mais aussi sur la prise en compte de leur statut du côté français (abandon par la France de ceux qui souhaitaient revenir au pays).

Nicolas Jallot a publié en 2004 un ouvrage éponyme qui reprend et développe le même thème. 

Orientations bibliographiques :

Nicolas JALLOT, Piégés par Staline, P, Belfond, 2003 ; Catherine GOUSSEFF, L'exil russe. La fabrique du réfugié apatride, P, CNRS Editions, 2008, 336 p. ;

 Г. М. ИВАНОВА, Гулаг в системе тоталитарного государства, М, Московский общественный научный фонд, 1997, 228 с. ; Н. ОХОТИН, А. РОГИНСКИЙ (рук.), Система исправительно-трудовых лагерей СССР, М, Звенья, 1998 ; История сталинского ГУЛАГа: конец 1920-х - первая половина 1950-х годов. Сборник документов в семи томах, редакционный совет издания: Ю. Н. АФАНАСЬЕВ (…), председатель: В.П. КОЗЛОВ, М, РОССПЭН, 2004-2005 ; 

Notice créée le 18 Mai 2010. Dernière modification le 28 Septembre 2012.

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