Film documentaire, France, 2009, de Madeleine Caillard, en couleur, sonore.
Production : MAD&CAT / RIA NOVOSTI, France, 2009
Durée : 37 minutes.
Version originale : français, russe
Sous-titres : français
Zlatoust, ville de 200 000 habitants située dans le sud de l'Oural, a été fondée au milieu du XVIIIe siècle autour d'une activité de forges et d'armes blanches. L'Union soviétique en fit un important centre de son industrie militaire et la ville resta fermée aux étrangers pendant plus de cinquante ans – jusqu'en 1990 – pour cause de secret défense. La plupart des usines ont périclité lors de l'effondrement de l'URSS.
Près de vingt ans après, ce film fait le portrait de neuf habitants qui tentent de se recréer un avenir sur les ruines du complexe militaro-industriel soviétique. Leurs témoignages montrent assez finement les problèmes de la transition économique d'un système à l'autre. Mais, contrairement à la grande majorité des documentaires réalisés par des Occidentaux depuis la perestroïka, ce film prend le parti – d'où son titre – de ne montrer que des parcours réussis d'entrepreneurs qui ont su franchir le cap difficile et relancer avec succès une activité économique, souvent sur la base de l'ancienne.
Différents témoignages se succèdent, qui émanent de grandes comme de "micro"-entreprises. L'aciérie qui faisait de Zlatoust la capitale de l'acier (images d'archives datant du début du XXe siècle concernant le processus de production de la fonte) a su rebondir (interview d'un ingénieur de l'aciérie sur l'"avant" et l'"après", ainsi que d'une jeune chargée de communication, porte-parole de l'entreprise). 9 200 personnes y travaillent, 30 000 personnes en vivent. Deuxième étude de cas, l'usine d'armement produisant des missiles balistiques pour sous-marins nucléaires, des pièces d'assemblage pour les navettes spatiales de BaIkonour, et qui n'arrivait plus à écouler sa production après la chute de l'URSS et la fin du complexe militaro-industriel, a été privatisée par ses anciens ingérieurs et reconvertie en fabrique de matérieux de construction sans aucune aide de l'Etat. Elle est actuellement en pleine croissance. Ces nouveaux patrons développent une approche sociale de l'entreprise (construction de logements pour l'ensemble du personnel). Fait notable : la majeure partie des cadres de la plupart de ces nouvelles (grandes) entreprises proviennent des anciennes structures et les investissements se font sans crédits de l'Etat. Troisième exemple : deux jeunes gens ont repris à leur compte l'exploitation d'une base de loisirs (située sur un lac de la région), qui avait périclité au moment de la perestroïka. Et ainsi de suite. L'ancienne armurerie créée en 1815, qui fabriquait des sabres pour l'armée russe, puis pour le régime soviétique, a été privatisée. Une jeune professeur d'université se lance dans la confection pour arrondir ses revenus et crée une filière de formation en stylisme ; une étudiante en architecture se prépare au développement prévisible du tourisme. Enfin, deux pères de famille se lancent, sans aucune aide de l'Etat, dans la pêcherie. Le film s'arrête net, sans élaborer de conclusion, ni de théorisation, sur ce nouveau capitalisme à la russe.
Précision dans le traitement du sujet, qualité esthétique du film, profusion d'images d'archives (sur l'activité industrielle de Zlatooust au XIXe et XXe siècles), bande-son sophistiquée comportant notamment de nombreuses chansons de rock russe (groupe "Liube"), et enfin montage soigné font de ce film allant à contre-courant de la sinistrose (il faut préciser qu'il s'agit d'une commande de l'Association française des russisants), un document particulièrement intéressant.
Le projet du film est dû à Rustem Safronov. Ce dernier y a collaboré en tant que journaliste, ainsi que Julia Tarasova.
Notice créée le 23 Mars 2010. Dernière modification le 18 Juin 2012.