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Réserve russe (Une)
(РУССКИЙ ЗАПОВЕДНИК)

Film documentaire, Russie, 2008, de Valeri Timochtchenko , en couleur, sonore.

Production : STUDIO DE KRASNODAR, Russie, 2008

Durée : 61 minutes.

Version originale : russe

Résumé :

Ce documentaire, réalisé en 2008 et qui a déjà reçu le Grand Prix du Festival International de Radonej, a  été primé  au 8e Festival International du Baïkal "L'Homme et la nature" en septembre 2009. Il s'agit de l'un des films les plus originaux de la sélection, tout comme Le Vieillard et l'élan (Старик и лось) de Joosep Matjus (Estonie, 2009).

Le film montre la vie au quotidien du village "le plus pauvre de Russie d'après les statistiques", qui se situe "quelque part en Russie". Le spectateur ne saura – délibérément – pas où se trouve le bourg de Jarky, sorte de "réserve" (zapovednik), mot qui  fait florès actuellement en Russie et qui recouvre de manière assez floue tout ce qui touche au retour à la nature et à sa sauvegarde, au terroir,  au patrimoine, à l'écologie. Un zapovednik, c'est une sorte de réserve naturelle, comme on entend un parc naturel au sens occidental. Utiliser ce mot dans un titre de film constitue actuellement une sorte de sésame censé lui assurer un label écologique, précieux pour obtenir  financements ou prix.

Malgré l'écroulement de l'économie – et de l'agriculture en particulier – au moment de la perestroïka, le réalisateur Valeri Timochtchenko présente ce village comme un endroit idyllique, une sorte de paradis sur terre. Cet effondrement  a eu pour conséquence un retour à la vie ancestrale : il n'y a plus aucune mécanisation, tous les travaux des champs se font de main d'homme. Les foins coupés à la faux en sont un exemple. Ce respect de la nature engendre un retour en force des animaux sauvages  (grues, chevreuils, cailles, etc), superbement filmés par l'opérateur. Le village, qui vit en autarcie, constitue une sorte de microcosme préservé du monde extérieur où l'harmonie règne entre les habitants et la nature.

Le fil conducteur du film – et ce qui en fait son originalité – est la figure d'un pope. Véritable chef du village et personnalité haute en couleurs qui mène rondement tout son monde en étant aimé de tous, le père Viktor [Saltykov] traverse le bourg dans sa carriole à cheval. Car l'autre pilier de cette vie villageoise est la religion. Le film semble donc construit sur une nouvelle utopie qui reposerait sur le brelan – "russitude", écologie, orthodoxie.

Quelques longueurs sont à déplorer : on aimerait  redonner toute sa vigueur au documentaire en le réduisant d'un bon tiers. Mais certaines séquences sont proprement saisissantes, notamment celle où le pope est filmé nageant au fond d'un étang, sa barbe blanche entremêlée dans les roseaux, ne faisant qu'un avec la nature, évoquant un personnage fantasmagorique issu de la mythologie grecque.


[Sergueï Kouzmine, Dmitri Chpilenok, Natalia Chouvalova ont participé en tant qu'assistants-opérateurs]

 

 

Orientations bibliographiques :

Notice créée le 4 Novembre 2009. Dernière modification le 3 Décembre 2009.

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